Résumé de la 4e partie n Malgré les procès et les peines, Sperati crée sa société philatélique. Son chiffre d'affaires atteint des millions de francs. Les années passent et une nouvelle étonnante fait l'effet d'un coup de tonnerre... en Grande-Bretagne. On sait que les timbres les plus rares du monde, à l'effigie de la reine Victoria, sont anglais. Les collectionneurs d'outre-Manche sont passionnés, jaloux. Ils ont le soupçon facile et ne supportent pas qu'on vienne troubler leur «splendide isolement». Or, le Daily Telegraph leur apprend une nouvelle inquiétante : «M. Sperati, le célèbre imitateur de timbres rares, qui demeure actuellement à Aix-les-Bains, en France, vient de se voir offrir, par la British Philatelic Association, la somme de 4 500 livres sterling. M. Sperati, qui est âgé de soixante-dix ans, songe à se retirer. Son état de santé ne lui permet plus de continuer la fabrication de ses merveilleuses imitations. La British Philatelic Association, qui compte 12 000 membres, lui fait cette proposition pour éviter que M. Sperati ne passe la main à un successeur plus jeune, auquel il envisagerait de transmettre son matériel et ses secrets techniques. Pour cette somme, la British Philatelic Association entend devenir propriétaire de l'imprimerie spéciale, outil essentiel et indispensable ; des clichés de timbres rares que, depuis tant d'années, Sperati a réussi à se procurer ; des secrets des encres et des papiers patiemment reconstitués. Il faudra y joindre les loupes spéciales fabriquées par le génial faussaire, les lampes de Wood, etc., et aussi tous les timbres recopiés qui sont encore en sa possession... La British Philatelic Association annonce que, dès la transaction effectuée, tout ce matériel fera l'objet d'une exposition qui permettra à tous les collectionneurs d'en savoir plus sur l'art du faussaire. Sperati, fatigué et satisfait, accepte. L'exposition a lieu. Elle permet l'édition d'un catalogue passionnant qui est vendu au prix de 45 000 francs l'exemplaire. Tout l'outillage précieux est remis aux Anglais... qui s'empressent de détruire le matériel et les clichés élaborés avec tant de patience ! Certains membres du comité d'expertise de la British Philatelic Association sont, en effet, vexés. On leur avait fait examiner des «timbres Sperati», et ils les avaient unanimement trouvés excellents. Plus tard, ils seront quelques-uns à prétendre cependant que ces copies ne pouvaient tromper personne... Sperati, triplement vengé de l'expert de sa jeunesse, disparaît en 1957, «d'une longue et douloureuse maladie». Les experts et les collectionneurs peuvent respirer : désormais plus personne, en ce bas monde agité et pressé, n'aura le temps, le talent, ni surtout la patience de faire d'une vengeance un tel chef-d'œuvre...