Résumé de la 2e partie n Jean de Sperati devint un faussaire connu de tous. Son métier d'imitateur de timbres – qu'il revendique d'ailleurs –, lui a épargné la prison… Il s'adonne alors aux pièces d'argent. En fait, Sperati veut toujours obtenir sa vengeance : un scandale public qui lui permette de ridiculiser les experts. Nous arrivons en 1942. C'est la guerre, l'occupation. Les timbres rares deviennent particulièrement intéressants, car ils permettent de transférer des capitaux sous une forme presque invisible... Sperati demeure alors à Aix-les-Bains. Un jour, il se rend à la poste et expédie une lettre recommandée au... PortugaI. Ce pays, en cette période agitée, regorge de personnes «en transit» : espions, israélites qui fuient vers le Nouveau Monde, agents de toutes les puissances du monde. C'est donc une destination particulièrement surveillée par les services de la censure. Comme Sperati l'a prévu, on ouvre à Toulouse son enveloppe recommandée, et on y découvre... dix-huit timbres, pas un de plus. Le premier expert qui les examine annonce qu'il s'agit de pièces rarissimes, dont la valeur est égale à plusieurs millions de francs. Les services des douanes sont alertés. Les experts toulousains confirment la valeur des dix-huit timbres. Sperati se voit réclamer 350 000 francs d'amende pour «exportation illicite de timbres de valeur». Plus exactement, de «valeurs non déclarées». Une fort jolie somme. Le prix d'une belle maison. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, Sperati est ravi. Il refuse absolument de payer cette somme exorbitante et réclame... une contre-expertise. Un super-expert examine les «corps du délit» et affirme, péremptoire : «Ces timbres sont absolument authentiques. J'ai tout vérifié : la dentelure, la couleur, le filigrane. Aucune hésitation : il s'agit de pièces très rares.» Mais l'Europe a d'autres chats à fouetter d'autres timbres à lécher. Cela fait que la justice, qui suit son cours, n'aboutit à un jugement qu'après 1945. Sperati attend son heure. Le jour du procès, Sperati, aidé de son avocat, provoque un coup de théâtre : «Messieurs, veuillez examiner attentivement les dix-huit nouveaux timbres que je vous apporte. Dentelures, encres, oblitérations, filigranes. Ils sont exactement semblables à ceux qui ont été saisis dans le courrier que j'avais expédié vers le PortugaI. Eux aussi, sont l'œuvre de mes mains. D'ailleurs, si vous le désirez, et pour vous prouver qu'il s'agit d'imitations, je suis prêt à les brûler sous vos yeux...» Emotion ! Les spécialistes présents verdissent. Sperati est acquitté. Il vient de ridiculiser les experts en philatélie. Vengeance qu'il a préparée pendant plus de cinquante ans... Mais il n'est pas encore satisfait, aussi incroyable que cela puisse paraître. En 1948, quelques années après le jugement, il demande à sa belle-sœur de bien vouloir adresser deux très beaux timbres, exactement semblables, à deux experts marseillais. (à suivre...)