«C'est dans une école de qualité où j'ai pu montrer ma valeur et mes capacités grâce à l'aide précieuse que mes grands maîtres m'ont apportée.» Devant un parterre de journalistes, une conférence de presse a été organisée par l'établissement Arts et Culture, hier, au complexe culturel Laâdi Flici, au niveau du Théâtre de verdure. Elle a été animée par l'artiste Nacer Eddine Chaouli, qui se produira en concert mercredi prochain, à 20h30 à l'auditorium du Théâtre de verdure d'un côté et profitera de cette opportunité pour promouvoir son nouvel album de l'autre. Ce genre d'initiatives entre dans les grandes lignes du programme de l'établissement Arts et Culture, un des organismes culturels les plus actifs au niveau de la wilaya d'Alger. Nacer Eddine Chaouli est né en juillet 1962 dans le quartier populaire de Belcourt, il appartient à la génération de l'Indépendance désireuse, à la fois de promouvoir la musique andalouse et de suivre les traces de ses aînés, en l'occurrence Dahmane Ben achour, Abdelkrim Dali...Après une solide formation classique de base comme il l'explique: «Mon père qui était anesthésiste et chef d'orchestre, m'a initié à la musique dès l'âge de six ans et à pratiquer plusieurs instruments: oud (luth), kamantche (alto), mandoline, guitare et piano, qui me deviennent familiers.» Ajoutant que «je rejoins l'association El Fen oua El adab, sous la direction de Mohamed Boutriche en 1981, ensuite l'association El Fakhardjia. En 1983, j'intègre le conservatoire municipal d'Alger où Mustapha Scandrani me repère, je fus par la suite membre de l'association El Andaloussia durant trois ans, que j'ai quittée après pour voler de mes propres ailes.» Artiste passionné, devenu professionnel en 1990, il voulait partager ses convictions musicales et son plaisir au-delà des frontières du Maghreb avec un public plus large. Son répertoire s'appuie sur les noubas andalouses, tradition séculaire qui a connu son apogée au IXe siècle sous la dynastie des Omeyyades, et s'étend aux genres hawzi et aroubi. Chants populaires dérivés de la nouba, mais dont le verbe dépouillé est plus près du vécu quotidien des diverses populations. «C'est dans une école de qualité où j'ai pu montrer ma valeur et mes capacités grâce à l'aide précieuse que mes grands maîtres m'ont apportée, J'ai tiré un grand profit de leur enseignement. C'est un honneur pour moi de les avoir côtoyés», a-t-il dit avec nostalgie. Il aborde la musique andalouse avec sa voix chaude et mélodieuse. Le chanteur donne le meilleur de lui-même et nous fait voyager sur un air musical appelé hawzi qui veut dire, musique de mon village. Cette musique qu'il fait découvrir dans le monde entier: à Moscou, au Moyen-Orient, en Espagne, aux Etats-Unies, à New York...«Si je me rends souvent à l'étranger, c'est pour être en contact direct avec mon producteur afin de réviser le programme, les projets et étudier les propositions qui nous parviennent», explique-t-il. Ainsi, «pour donner une bonne image de marque de notre culture», lance-t-il avec une fierté bien algérienne. A propos de ce patrimoine culturel de grande renommée, qui a sa place, ses figures illustres et son public, Nacer Eddine nous explique qu'«il n'y a pas lieu de le faire revivre mais plutôt le faire apprécier, encore et toujours, aux fidèles et à ceux qui ne le connaissent pas. C'est très important et c'est formidable quand on y arrive; certains artistes l'ont fait avec mérite». Souhaitant, avant tout, «attirer l'attention de nos jeunes sur cet héritage qui peut être écouté comme tout autre genre musical et qu'ils s'y intéressent de très près». Cette soirée de mercredi devant un public qui gagnerait à être plus nombreux, Nacer Eddine Chaouli proposera pour les mélomanes un répertoire finement équilibré, un régal de chants populaires haouzi et aroubi qui sont un surproduit algérien. Un très beau récital en perspective et une occasion, encore une fois, de renouer avec un patrimoine musical à la richesse et à la saveur irrésistibles. A ne pas rater absolument.