Entre octobre et novembre 1984, un jeune Martiniquais a étranglé huit femmes âgées dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Entre décembre 1985 et juin 1986, il en a tué onze de plus. Paumé, dealer, homosexuel, magouilleur, pervers, il était serveur au Paradis Latin, puis a organisé des soirées privées «à thème» et flambait dans les boîtes de nuit. Il tuait en plein jour. La police ne l'a arrêté qu'en 1987. Il était séropositif et est décédé en 1989 avant d'avoir été jugé. Son amant et complice, Jean-Thierry Mathurin, a été reconnu coauteur de neuf des meurtres et condamné à la prison à perpétuité. La mère de Thierry Paulin, Rose-Hélène Larcher, n'avait que 17 ans lorsqu'elle le mit au monde. Son père, Gaby Paulin, le reconnut puis disparut et les quitta, deux jours après sa naissance. Monette, ainsi que ses amis appelaient Rose-Hélène, si jeune, se trouva vite incapable de subvenir seule aux besoins du bébé. Elle confia le jeune Thierry à sa belle-mère. L'enfant n'avait que 18 mois lorsque sa grand-mère le recueillit à l'Anse-à-l'Ane, où elle tenait un restaurant, le Maman Jojo, en bord de mer. L'Anse-à-l'Ane était une jolie plage martiniquaise, peu fréquentée par les touristes mais où se retrouvaient les résidents aisés de l'île. La grand-mère de Thierry Paulin, accaparée par son restaurant, ne lui consacra pas beaucoup de temps. Elle le garda pourtant jusqu'à ses dix ans. La première enfance du gamin fut donc solitaire. Il avait l'impression que personne ne s'occupait vraiment de lui et que personne ne le conseillait. Il manqua autant d'amour que d'autorité. En 1973, enfin, Monette, après qu'elle eut constitué une famille, avec un nouveau mari, reprit son fils. Thierry Paulin connut alors une courte période de bonheur : il jouait sur la plage avec ses demi-s?urs, jardinait... Sa scolarité ne fut toutefois pas sans accrocs. Il était difficile et violent. Un jour, alors qu'il n'avait pas encore douze ans, il menaça un de ses professeurs avec un couteau de cuisine parce qu'il le punissait trop souvent. Mais il sut aussi user de son intelligence : il intercepta les lettres envoyées par l'école pour informer sa mère de l'incident et, surtout, tapa lui-même une réponse à la machine, qu'il authentifia en imitant sa signature ! Dans la famille, les rapports se dégradèrent. Le beau-père de Thierry tendait de plus en plus à considérer le garçon comme une charge. Monette, qui avait retrouvé la trace de Gaby Paulin à Toulouse, décida de reprendre contact avec lui. Plutôt que de verser une pension pour l'enfant, le père de Thierry Paulin proposa de le reprendre pour qu'il apprenne un métier, plombier ou maçon. Le jeune garçon quitta donc sa mère pour la France. (à suivre...)