30% des vergers datent de la période coloniale. L'avancée du béton et le manque d'entretien portent des coups sevères à la filière. La superficie totale dédiée à l'agrumiculture dans la wilaya de Blida est de 16970 ha, dont 14520 ha en production. Ce sont surtout les oranges relevant des variétés Navel et Washington qui prédominent le plus (6000 hectares). A elle seule, cette wilaya de la Mitidja assure plus de 30% de la production nationale d'agrumes. Elle demeure, depuis l'époque coloniale, une région à vocation agrumicole par excellence. 50% des 31 000 ha du verger arboricole sont consacrés aux agrumes. Boufarik fut l'une des capitales mondiales de l'orange et ses vergers produisaient les meilleurs agrumes au monde. D'ailleurs, la toute célèbre marque Orangina y a vu le jour il y a plus de 70 ans. La réalité aujourd'hui est tout autre, et pour cause. Les vergers sont délaissés depuis plusieurs années à cause de l'insécurité, du manque d'irrigation, de l'avancée du béton, de leur faible entretien causé par le système de vente sur pied, de la quasi-absence de la relève, du manque de moyens et de la main-d'œuvre qualifiée, de la cherté des engrais et de l'omniprésence de virus et parasites. Ajouté à cela, le vieillissement et la déperdition du verger. Tous ces facteurs ont porté des coups successifs à cette filière. Selon des chiffres avancés par la direction des services agricoles, 30% du verger agrumicole date de l'époque coloniale. La production agrumicole n'y dépasse pas les 150 quintaux par hectare, alors qu'elle peut atteindre les 400 quintaux pour la même superficie chez nos voisins de l'Ouest. Blida reste toutefois la première wilaya en Algérie pour ce qui est de la production agrumicole (plus de 2 000 000 de quintaux annuellement). Paradoxalement, ce chiffre demeure relativement faible par rapport aux potentialités qu'offre la terre fertile de la Mitidja. Potentiel en perdition En plus, Blida a la chance d'avoir un tissu industriel important dans le domaine agroalimentaire (unités de transformation), d'abriter un institut d'agronomie, une école supérieure d'hydraulique, l'Institut technique de l'arboriculture fruitière (ITAF) et un autre, à vocation régionale chargé de la protection des végétaux (IRPV). La capitale de la Mitidja recèle également plusieurs pépinières (la première à l'échelle nationale) ainsi que deux importants marchés de gros de fruits et légumes (Bougara et Boufarik). Des potentialités énormes qui ne peuvent être que favorables pour la filière agrumicole. Sur le terrain, cependant, l'effet bénéfique de toutes ces structures se fait attendre. Les prix de l'orange sont élevés et les variétés des agrumes se « rétrécissent » de jour en jour. La sanguine se fait de plus en plus rare, alors que la clémentine (mandarine sans pépin très répandue auparavant) semble devenir le fruit « des rois ». Elle a été cédée durant sa récolte à pas moins de 150 DA pour s'éclipser quelques semaines après. Pour avoir quelques gouttes de citron dans nos mets ou presser un jus, il faut avoir les moyens pour pouvoir profiter de ce « luxe ». Consciente de ces problèmes, la DSA de Blida compte planter 4000 ha d'agrumes à l'horizon 2014 pour remplacer les vergers improductifs datant de plusieurs décennies. « On fait de notre mieux pour convaincre les agrumiculteurs, à travers des aides financières, d'arracher leurs vieux vergers afin de relancer cette filière. On sensibilise aussi les fils d'agriculteurs pour qu'ils reprennent le flambeau, histoire d'assurer la relève », nous dira M. Labri, cadre exerçant au niveau de la DSA de Blida. Il y a aussi le marché qui reste à réguler, pour que ce qui finit dans la poche des spéculateurs soit enfin injecté dans le circuit de l'investissement.