Rencontre n L'historienne Anissa Bouayed a présenté mardi après-midi à l'annexe de la Bibliothèque nationale d'Alger son ouvrage intitulé L'art et l'Algérie insurgée : les traces de l'épreuve (1954-1962). «Dans ce que j'ai sélectionné comme œuvres, il y a une idée du climat dans lequel les peintres ont créé», a indiqué l'universitaire mettant en exergue l'importance des œuvres de ces artistes engagés qui ont dénoncé les pratiques coloniales. «De grands peintres ont épousé la cause algérienne tels que l'Espagnol Pablo Picasso, le Chilien Matta ainsi que le Français André Masson, dont le père était un militant actif, qui a évoqué les pratiques de la torture dans ses tableaux de style surréaliste», a rappelé Anissa Bouayed qui a souligné la valeur historique des œuvres artistiques réalisées par les artistes peintres pendant la période 1954-1962. Evoquant le choix des œuvres et des plasticiens présentés dans son ouvrage, l'historienne a expliqué qu'elle a «choisi la production artistique qui était la plus significative et qui représentait une matière historique réelle». Les œuvres artistiques évoquant la période coloniale sont «un champ qui est encore à défricher», a souligné Anissa Bouayed mettant en valeur le très grand nombre d'œuvres plastiques produites aussi bien par des artistes algériens qu'étrangers. «Ce bel ouvrage permettra aux femmes et aux hommes d'aujourd'hui, en Algérie et en France, d'accéder à un magnifique trésor, injustement méconnu ou oublié : les œuvres de peintres qui ont voulu manifester, par la création, leur opposition à la guerre coloniale (...)», écrit le militant Henri Alleg, dans la préface du livre. «Sans être un corpus exhaustif, cet ouvrage donne à voir les œuvres les plus marquantes, témoin de l'Algérie insurgée, que l'art contemporain a laissé de son engagement face à l'histoire», ajoute Henri Alleg à propos de cet ouvrage qui «retrace une belle aventure de l'esprit et se propose de lui redonner tout son sens de lucidité et de générosité». Anissa Bouayed a soutenu en 1985 une thèse de doctorat de troisième cycle sur «Le syndicalisme face aux questions coloniales et aux guerres d'indépendance». Chercheur associé au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc-Oran), elle est notamment coauteur d'un ouvrage collectif intitulé Histoire de la colonisation : falsifications.