La tradition d'allumer des feux pour l'Ainçra était également pratiquée pour Yannayer. Le début de l'année julienne : les enfants et les jeunes gens sautaient par-dessus les flammes, pour chasser les esprits et se protéger du mauvais œil. Cette tradition a été déplacée et mise en rapport avec l'Achoura, une fête du calendrier musulman bien connue. Il y a quelques décennies encore, les feux de l'Ainçra étaient courants dans le nord du Sahara algérien. A Ouargla, par exemple, on confectionnait dans les cours des maisons des bûchers avec toutes sortes de matériaux auxquels on ajoutait de l'encens, des épluchures de fèves et la panse d'une chèvre, symbole de fécondité. Les jeunes garçons enjambaient alors le feu, en appelant Ainçra, qui représente, ici, les forces du mal que l'on veut chasser. La maîtresse de maison jette un morceau de viande dans le foyer. Dès qu'il est cuit, celui qui enjambe le feu s'en empare et le mange. Les filles vont dans les palmeraies et préparent à manger. Les jeunes garçons, à moitié nus, le corps barbouillé de vase, les guettent et dès que la nourriture est prête, ils chassent les filles et mangent le contenu de la marmite. En échange, ils leur rapportent leurs ustensiles pleins de légumes crus. Si la tradition des feux de joie a disparu en Algérie, elle a, en revanche, existé jusqu'à une période récente, au Maroc et en Tunisie. Dans ce dernier pays, elle était surtout pratiqué à l'occasion de l'Achoura.