Comme ailleurs, le feu représente aussi les sentiments. C'est la douceur du foyer, qui diffuse la chaleur, non seulement au sens physique du terme, mais aussi au sens psychique : le feu qui cuit les aliments et transforme les métaux, dissipe les rancœurs et fait fondre les cœurs endurcis. Dans les civilisations agraires, le feu est un élément purificateur. Dans les fêtes rituelles berbères, la ‘Ainsera, qui est célébrée au début de juillet, comporte des fumigations allumées au pied des arbres pour les débarrasser des parasites, mais aussi pour assurer aux habitants la santé et la prospérité. Toujours chez les Berbères, l'Achoura, une fête musulmane, mais qui a capté des rituels anciens, est l'occasion d'allumer des feux de joie : on enjambe les bûchers pour s'assurer une bonne santé et chasser les mauvaises influences. En Tunisie, on célèbre encore le rite de l'oncle ‘Awf, ou la fête des bûchers. Les jeunes gens sautent au-dessus des brasiers allumés jusqu'à ce qu'ils s'éteignent. Cette «fête du feu» dépasse les frontières du Maghreb et se retrouve, en Europe, avec les feux de la Saint-Jean : la fête de ce saint du calendrier chrétien est l'occasion aussi d'allumer des feux et de les enjamber. Le but de ce rite semble oublié, mais comme au Maghreb, il s'agit d'exorciser les mauvaises influences, de lutter contre les maladies.