Tendance n Le phénomène des femmes qui se retrouvent à la rue, parfois avec leurs enfants, s'est vulgarisé au sein de la société. A l'origine, ces mères sont «victimes» d'un divorce, qu'il soit abusif ou prononcé par la justice. Question : comment ces femmes trouvent-elles refuge dans la rue après la rupture du mariage ? Deux avocats ont été invités, hier, au forum du quotidien gouvernemental El Moudjahid, à répondre à cette interrogation. Une table ronde a été ainsi consacrée au «code de la famille et ses applications sur le terrain», tout en se focalisant sur le cas de ces femmes. A ce propos, l'Association nationale pour la promotion et la protection de la femme algérienne, selon sa présidente Mme Nadia Dridi, a recensé les doléances de «plusieurs centaines» de «cas très graves». Le constat établi, il reste à déterminer les failles. «Auparavant, la femme divorcée regagnait sa famille. Ce n'est plus le cas actuellement. Nous assistons depuis quelques décennies au bouleversement des valeurs de la société», déclare Merouane Azzi, avocat. Les changements socio-économiques allant dans le sens de la dégradation du cadre de vie et du pouvoir d'achat des citoyens ont fait que des familles refusent de reprendre leurs filles. «Ce qui complique les choses, c'est que le divorce engendre l'égoïsme et un sentiment qui s'apparente à un esprit de revanche chez les deux parties», témoigne l'avocat. Le point de départ, c'est le divorce. Suivant le code de la famille, l'ex-mari est obligé de mettre à la disposition de son ancienne compagne, ayant des enfants, un toit ou alors lui payer un loyer. Précision de taille : la loi protège la divorcée, non en tant que femme, mais en tant que mère ayant des enfants à élever. «Le code de la famille se préoccupe de l'enfant, non de la mère», déclare Me Azzi. De cet esprit découle la disposition de loi stipulant que la mère «bénéficie» d'un logement pour mettre à l'abri ses enfants. Une fois ces derniers majeurs, ils sont tenus par la force de la loi de quitter les lieux pour finir, des fois, à la rue. Si par ailleurs le père n'a pas les moyens de libérer un appartement, la justice le somme de payer un loyer. Ce loyer est arrêté en fonction des moyens du mari, non pas par rapport à la réalité du marché. C'est ainsi que des loyers de 3 000 à 5 000 DA sont fixés alors que sur le marché de l'immobilier, il est impossible de trouver une location à ce prix-là. «On s'inquiète du sort du mari, pas de celui de ses enfants», s'emporte Mme Guemmache, avocate. Les deux conférenciers s'accordent à dire qu'un problème d'application des dispositions du code de la famille qui date de 1984 – mais révisé en février 2005 – se pose. Ils divergent cependant sur les mesures à adopter. «Le véritable problème est dans la recherche de dispositions qui s'inscrivent en dehors du code de la famille», avance Me Azzi. «Tant qu'on n'a pas décidé que le logement conjugal revient à celui qui a la charge des enfants (la femme), on n'aura rien réglé pour la famille», estime Mme Guemmache. On le voit : le débat sur le code de la famille est toujours ouvert.