Maltraités, humiliés et meurtris dans leur âme et leur corps… la violence contre les enfants est un phénomène qui prend de l'ampleur de jour en jour dans notre pays. On les voit partout dans les rues d'Alger, dans les gares routières et dans toutes les villes. Ils sont juste à côté de nos maisons. Ils squattent des carcasses d'immeubles à la recherche d'un coin pour la nuit. La rue est dorénavant leur univers après avoir été victimes d'un divorce, d'une dispute, du décès des parents ou simplement chassés par des parents qui se remarient. Karim, Mohamed, Amine, Samira et tous les autres n'ont eu le choix que de se retrouver un jour dans la rue. Une rue impitoyable. Humiliés, battus, agressés et même violés, ces enfants sont sans protection ni aide sociale. Ils dorment sur des cartons, ramassent des morceaux de pain et les restes d'un repas dans les poubelles le soir et mendient la journée pour pouvoir survivre. Amine était battu quotidiennement par son beau-père. “Après le divorce de mes parents, j'habitai chez mon père. Après quelques mois, il s'est remarié. Sa femme a commencé à me créer des problèmes pour que je quitte la maison et que je parte chez ma mère qui s'est remariée elle aussi. Une fois, la femme de mon père m'a accusé de lui avoir volé une bague en or. Quand mon père est rentré à la maison, elle est allée lui raconter ce mensonge. Epuisé par les coups, les insultes et les humiliations, J'ai essayé par tous les moyens de le convaincre que c'était faux, il n'a pas voulu me croire et m'a battu à mort. Je n'avais d'autre solution que de me rendre chez ma mère. Mais ce n'était pas le paradis non plus. Après quelques jours, son mari a commencé à crier pour un oui pour un non et ma mère supportait tout pour me protéger, mais elle a fini par me dire d'aller habiter chez mon père et que ce sera mieux. De retour chez mon père, ce dernier m'a carrément chassé de sa maison. Désespéré, je me retrouve à la rue. J'ai passé ma première nuit sous les arcades sur un bout de carton avec d'autres enfants. La descente aux enfers commence : de cage d'escalier à une autre, sous les ponts ou des arcades, je passe mes nuits dans la peur et l'angoisse. Nous sommes abandonnés à notre sort. Personne ne fait attention à nous. Quelques âmes charitables nous offrent quelques vêtements, des couvertures et nous payent des repas chauds. Les autorités nous tabassent au lieu de nous écouter et de nous rendre justice”, dira Hakim, un jeune adolescent de 17ans. “L'Etat parle de nous comme des délinquants et des agresseurs. Il faut d'abord chercher les causes. Il faut punir les parents qui chassent leurs enfants avant de punir les enfants qui se retrouvent dans la rue”, raconte Samira. Et d'ajouter : “J'étais violée par mon beau-père et ma mère n'a rien trouvé de mieux que de me jeter à la rue.” La majorité de ces enfants refusent que (les pouvoirs publics) “parlent de nous durant certaines occasions comme la Journée de l'enfant et celle de la lutte contre la violence, parce qu'il n y a rien de concret”. F. Aouzelleg