D'heure en heure, la liste des victimes s'allonge et les autorités parlent d'un désastre majeur et s'attendent à un bilan encore beaucoup plus élevé. Des milliers de personnes sont encore ensevelies sous des décombres et dans des villes rasées et rendues inaccessibles. Ce bilan a été établi ce mardi matin par le ministère des Affaires civiles et porte sur sept provinces et une municipalité autonome (Chongqing). L'immense majorité des victimes, soit 8 993, a été recensée au Sichuan, la province où a été localisé l'épicentre du séisme de 7,8 sur l'échelle de Richter qui s'est produit, hier, lundi. Au moins 12 000 personnes sont ensevelies et 1 500 sont mortes à Mianzhu, une ville de la province du Sichuan, selon l'agence semi-officielle Chine Nouvelle. Mianzhu, qui se situe à environ 30 km au sud-est de Wenchuan, est l'une des zones qui a le plus souffert de la catastrophe. Certaines informations font état de milliers de morts possibles et de destructions massives à Beichuan vers lequel des dizaines de véhicules militaires faisaient route. Selon des responsables locaux, plus de 80% des constructions se sont écroulées. Dans cette zone montagneuse, les voies de communication sont bloquées par des rochers et des pierres. «J'ai vu de nombreuses maisons écroulées et il y a des rochers qui ont chuté de la montagne partout sur la route», a déclaré le chef d'une unité de la police en train de progresser à pied vers Wenchuan, joint par téléphone satellitaire dans la nuit. Le secrétaire du parti communiste de ce district d'environ 112.000 habitants a également réussi à lancer un appel à l'aide par téléphone satellitaire. «Nous avons un besoin urgent de tentes, de vivres, de médicaments et de systèmes de communication satellitaire», a déclaré ce responsable. Des milliers d'habitants de Dujiangyan, à 50 km de l'épicentre, ont, quant à eux, préféré ne pas dormir chez eux, par peur des répliques. «Nous ne savons rien. Il n'y a rien à manger, pas d'abri, personne ne s'occupe de nous», se plaint un homme d'âge moyen, encore tout trempé. Certains quartiers de la ville semblent avoir été bombardés : maisons rasées, verre brisé jonchant les rues, voitures écrasées. Des bâtiments ont mieux résisté que d'autres. L'un d'eux est resté debout, perdant seulement le premier étage. Non loin de là, le spectacle est moins étonnant. Des corps recouverts de plastique sont alignés. Ils viennent d'être retrouvés par des soldats qui participent aux secours. Le bureau de sismologie du Sichuan a indiqué que plus de 1 180 secousses dont certaines d'une magnitude de 6 avaient été enregistrées entre lundi et mardi matin. Les plus hautes autorités chinoises ont souligné la gravité de la situation. «La situation est plus grave que nous l'avions estimée précédemment», a affirmé le Premier ministre Wen Jiabao. «C'est un désastre majeur», a-t-il déclaré, hier, lundi déjà. Le président chinois Hu Jintao a martelé que les secours étaient désormais la priorité absolue du gouvernement et a appelé les autorités à tous les niveaux à se concentrer sur cette tâche. Aucune victime ni dégât n'ont été signalés à Pékin. Ce séisme est le plus grave qu'ait connu la Chine depuis celui de Tangshan en 1976, qui avait fait 242 000 morts.