Dans sa dernière livraison de mardi, le bihebdomadaire France Football a donné la parole à Aimé Jacquet, le sélectionneur des champions du monde et ancien directeur technique national, qui, à travers une interview riche en enseignements et l'œil toujours avisé, lance un appel pour protéger et faire plus confiance aux entraîneurs. Il dira que «si certains techniciens ne tentent plus rien, c'est simplement qu'ils ne peuvent plus le faire et qu'ils n'ont d'autre choix que d'éviter d'être en permanence dans la tourmente». Pour Jacquet, qui s'exprime pour le football français, mais dont les paroles peuvent aisément s'appliquer à notre contexte, la solution est de donner leur chance aux entraîneurs. «Faisons-leur confiance. Offrons-leur la possibilité de faire face réellement à leurs responsabilités. Mais s'il vous plaît, arrêtons de les déstabiliser à la première occasion : c'est trop facile ! Quand je pense à certains dirigeants qui passent leur temps à affaiblir leurs entraîneurs et à les mettre en difficulté dès la fin d'un match aux micros qui se tendent, ça frôle parfois l'inadmissible. (…) Forcément, quant tu n'es pas soutenu, la confiance et la complicité foutent vite le camp, et ton club est vite mort !» Un entraîneur doit être protégé et accompagné dans son projet pour au moins deux, trois ans afin de lui permettre de mettre en place son projet, de construire son effectif comme il le souhaite - et pas en lui imposant des joueurs -, comme c'est souvent le cas chez nous. Avec son capital expérience, Jacquet met le doigt sur le véritable élément catalyseur qu'est l'entraîneur : « Qui est le patron technique dans un club ? Qui est le mec le plus important, celui qui va au charbon tous les jours, qui prend des risques, qui doit relancer l'équipe quand elle en a pris trois la veille et qu'il n'a pas dormi de la nuit ? C'est l'entraîneur … (…) Si un entraîneur sait qu'il ne joue pas sa vie à chaque match, croyez-moi, il va tenter des coups. Et réussir, j'en suis convaincu. Le jour où on aura compris cela… Demandez plutôt à Arsène (Wenger) ou Gérard (Houiller) comment ça se passe en Angleterre : nous, nous sommes à cent lieues de tout ça. Or, la faiblesse du foot français est là.» Que dire alors du football algérien ! No comment.