Les chiffres rendus publics sur le phénomène du suicide en Algérie font ressortir qu'il touche principalement les jeunes chômeurs. Le moyen le plus utilisé est la pendaison. Ainsi, une étude sur le suicide dans la région de Blida durant la période allant de 2003 à 2007, réalisée par le service de médecine légale du CHU de cette wilaya, affirme que ce service a enregistré 69 cas de suicide relevant exclusivement de cette région, dont 75% sont de sexe masculin pour une tranche d'âge moyenne de 33 ans. Selon le Dr Karima Messahli, qui a présenté l'étude jeudi à l'occasion de la neuvième journée médico-chirurgicale organisée à l'INSP, 31% des cas sont concernés par les déplacements massifs des personnes vers Blida, depuis essentiellement Aïn Defla, qu'a connus la région au cours de la décennie noire. Elle a précisé en outre que 55% des sujets sont d'un niveau économique bas, 56% sont célibataires, faisant remarquer que 54% des cas de suicide surviennent à domicile dont 50% des cas par pendaison et que 45% ont des antécédents psychiatriques connus. Une autre étude rétrospective des cas de suicide autopsiés par un service de médecine légale a été réalisée par le CHU Mustapha-Pacha sur 5 ans (2003-2007), elle a confirmé la prédominance de ce phénomène chez les hommes pour 66,5% des cas. Selon le Dr K. H. Naït Rabah, sur les 155 cas de suicide autopsiés et relevant de la région d'Alger, 57% sont célibataires, 36% présentent des antécédents médicaux dont 23% avaient déjà fait des tentatives de suicide. De son côté, le Dr N. Ayadi du CHU d'Oran a indiqué que le taux le plus élevé de suicide pour la région de l'Oranie a été enregistré en 2003 avec 53 cas observés. L'étude menée par le service de médecine légale de ce CHU pour la période 2003-2007 a fait ressortir que le suicide est «l'apanage des sujets jeunes» dans la mesure où 50% des cas enregistrés sont âgés de moins de 30 ans, dont la grande partie est sans emploi. La région de Annaba ne déroge pas à la règle. Selon l'enquête du service de médecine légale du CHU de cette wilaya, 65% sont sans emploi, 61% proviennent du milieu rural, 83% ont des problèmes familiaux et 40% présentent des antécédents familiaux. Toutefois, les participants à cette journée d'étude ont appelé à la mise en place d'un observatoire national du suicide afin d'avoir des statistiques réelles et fiables sur ce fléau qui ne cesse de prendre de l'ampleur, déplorant le fait que notre pays ne figure pas dans les statistiques de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Le président de la Société algérienne de médecine, M. Bessaha, a affirmé qu'«il ne se passe pas un jour sans qu'un service de médecine légale en Algérie pratique une autopsie pour cause de mort violente notamment un suicide», d'où la nécessité de procéder à «une prise en charge sérieuse de cette situation alarmante».