Résumé de la 2e partie n Le tableaux de Millet grimpent en valeur, ils se vendent à des prix exorbitants. Mais des imitateurs et des escrocs vont se mettre à l'ouvrage… «Mon cher Chauchard, vous semblez bien mélancolique. Que vous arrive-t-il ? — Je suis obsédé par une idée : en tant que propriétaire des Magasins du Louvre, je me suis fixé une mission digne de notre établissement : ramener L'Angélus de Millet en France. — J'espère que vous êtes prêt à payer le prix fort. Les Américains ne vont pas le lâcher comme ça ! — J'y mettrai le prix. De toute manière, cela fera une publicité formidable aux Magasins du Louvre...» Et Chauchard parvient à ses fins. Cela lui coûte près d'un million de francs-or. Il organise le retour du chef-d'œuvre comme il se doit : «SeuIs quelques invités privilégiés seront admis à contempler L'Angélus. Ils le feront dans une galerie spéciale, et en silence. Pour que ce moment reste inoubliable, chacun d'entre eux se verra remettre une médaille commémorative de l'événement.» Quelques années plus tard, M. Chauchard lègue sa collection au musée du Louvre, juste en face de son magasin. Il peut aller admirer son Angélus chéri en traversant simplement la rue à pied. Le tableau est enfin parvenu à la place qui est la sienne. Mais l'Europe et l'Amérique réclament à cor et à cri de voir L'Angélus exposé dans d'autres pays. «L'Angélus part pour Sao Paulo. Les Brésiliens ont bien le droit de l'admirer... Les Américains de Philadelphie le veulent aussi. — Savez-vous qu'il va partir pour une tournée dans les pays nordiques ? Copenhague, Stockholm, OsIo. — J'ai hâte qu'il revienne au Louvre. Je me sentirai plus tranquille.» Erreur grossière... «Arrêtez-le ! Arrêtez-le !» Trois gardiens, plus tout jeunes, s'élancent – malgré leur handicap et leurs douleurs articulaires – vers un homme qui vient d'attaquer L'Angélus à coups de couteau. Pas assez vite, pourtant. «Quelle catastrophe Regardez-moi ça : sept coups de couteau ! — Quel est votre nom ? — Pierre Guillard. — Pourquoi avez-vous essayé de détruire L'Angélus de Millet ?» L'énergumène est incapable de répondre. C'est un fou... Heureusement, les coups de couteau n'ont pas atteint les personnages du tableau. Les restaurateurs aux doigts de fée font des merveilles et lui rendent son apparence d'origine. Mais les tribulations de L'Angélus ne s'arrêtent pas là. Un génie s'en mêle : Salvador Dali. Il prend sa plume pour faire une révélation «sensationnelle» au directeur du musée du Louvre. Il dit, en substance : «Personne n'a vraiment bien regardé l'immortel chef-d'œuvre de Millet. Tout le monde pense que ces deux paysans sont en prière : regrettable erreur ! Ces deux paysans sont en larmes ; ils pleurent toutes les larmes de leur corps... Pourquoi ? Tout simplement parce que l'idée première de Jean-François Millet était de les peindre de chaque côté d'une tombe... Puis, il a préféré revenir à un sujet moins triste. Mais la tombe est là, sous les repeints. Le musée du Louvre, doté d'un laboratoire d'une stupéfiante qualité technique, n'a qu'à vérifier...» On hésite un peu à déranger le chef-d'œuvre, qui mérite quand même de reposer en paix. Mais enfin, allez savoir, avec ce diable de Dali... Et l'on passe L'Angélus à la radio : pas plus de tombe que de pommes de terre sous le champ. Elles sont toutes là, mais dans la brouette.