Avis n Pour le commun des habitants de Yakourène, l'attaque terroriste du 14 juillet dernier a causé beaucoup de torts à leur région. Si aucune perte humaine n'a été enregistrée parmi la population locale, il n'en demeure pas moins que les conséquences ont été graves sur divers plans. Ainsi, la région est devenue, du jour au lendemain, une «zone dangereuse» pour beaucoup. «Notre paisible localité a été brusquement, et malgré elle, propulsée au-devant de la scène», relève Abderrahmane, étudiant en langues étrangères. De son avis, la médiatisation, voire la surmédiatisation de cette attaque, a été fatale pour la région : «De hauts responsables de l'Etat, à l'instar du Chef du gouvernement et du ministre de l'Intérieur, ont parlé, pour la première fois, de Yakourène. Leurs déclarations ont été reprises par tous les médias du monde, ce qui n'était pas pour arranger les affaires de notre région.» Une région qui, depuis, a été associée à l'insécurité et au terrorisme. Comme un malheur ne vient jamais seul, la présence de chefs terroristes dans les maquis alentour a été signalée quelque temps après. «Il ne manquait plus que cela», regrette un homme d'une cinquantaine d'années rencontré devant le siège de l'Assemblée populaire communale (APC). «Depuis, on ne parle de Yakourène que quand une attaque terroriste s'y produit», poursuit-il, non sans signaler au passage que l'image de la localité «n'a jamais été ternie de la sorte, y compris durant les pires années du terrorisme». Sur ce registre, il faut rappeler que Yakourène n'a pas été épargnée par le terrorisme. Plusieurs groupes terroristes s'y sont réfugiés dès les premières années de la dernière décennie, plongeant la population dans la peur et l'insécurité. Mais à la faveur du déploiement des services de sécurité, la situation sécuritaire s'y est progressivement et sensiblement améliorée, ces dernières années. Toujours est-il que l'attaque du 14 juillet 2007 a tout remis en cause. Le «havre de paix» est soudainement devenu une «zone interdite», un «coin à ne pas fréquenter…» dans la tête de beaucoup. «Je suis désolé de le dire, mais certains titres de la presse nationale sont responsables de cette situation, à force de rapporter les moindres faits et gestes des terroristes, ils ont fini par nuire à notre région», souligne un jeune homme accosté au bureau affecté par l'APC aux agents chargés du recensement de la population. Une chose est certaine en tout cas : à Yakourène, il y a un avant et un après 14 juillet 2007.