Prix n De record en record, le baril de pétrole atteint des seuils jamais égalés. Ce matin, le prix de l'or noir affichait à Londres 135,09 dollars. Dardi, l'hystérie s'est emparée à nouveau du marché. Mercredi, le pétrole a dépassé pour la première fois 130, 131, 132, 133 et 134 puis 135 dollars. Certains experts ont même prédit que le prix de l'or noir, une matière utilisée massivement dans l'industrie, notamment le transport (carburant), peut atteindre les… 200 dollars et ce, avant même la fin 2008. En tout cas, c'est ce qu'a plaidé, Amar Khelif, expert en pétrole, qui intervenait ce matin sur les ondes de la Chaîne III. «On est sur une pente ascendante pour le prix du pétrole, aujourd'hui, ce dernier est extrêmement rigide car son usage actuellement se fait dans le domaine du transport, sous forme du carburant, or ce dernier, n'a plus de substitut dans ce domaine d'utilisation», analyse d'emblée cet expert. A la question : Le prix du pétrole atteindra-t-il rapidement les 200 dollars en 2008 ? La réponse est, aux yeux de l'intervenant, affirmative. Et pour cause, tous les ingrédients plaidant pour cette option sont présents. «Oui, tous les ingrédients sont réunis pour que les prix continuent d'augmenter, il y a une espèce de rigidité extrême en matière d'offre du pétrole», précise-t-il, avant d'expliquer : «La consommation mondiale du pétrole est de l'ordre de 85 millions de barils/jour, et nous n'avons pas de capacité supplémentaire de production. Il suffit à peine d'un petit incident de gisement ou un conflit politique interne, pour que nous rentrions dans un cycle de pénurie relative.» Les causes ayant poussé les prix à grimper à une vitesse vertigineuse, il y a en premier lieu, selon Khelif, la raréfaction de l'offre. «La demande augmente du fait que les pays consommateurs n'ont pas fait suffisamment d'économies, du fait que les pays émergents ont une demande extrêmement soutenue et du fait que les pays producteurs voient, eux-mêmes, leurs consommations augmenter», énonce-t-il, avant de signaler que sur le plan de l'offre, cette dernière continue d'être rigide. «Certains experts disent que nous sommes sur le déclin de la production du pétrole», fait-il remarquer. Et si l'Opep aujourd'hui devait augmenter sa production, le marché pétrolier enregistrerait-il une baisse des prix ? «Il faut s'interroger sur la capacité de l'Opep d'augmenter sa propre production. D'abord, si c'est le cas, cela demande du temps pour augmenter une production», dira-t-il. «Compte tenu de la baisse des prix, pratiquement au milieu des années 80, on n'a pas beaucoup investi dans la production, et non plus investi dans le raffinage. Donc il y a un retard énorme dans le secteur du pétrole», affirme-t-il. Les énergies de substitutions, notamment les biocarburants, peuvent-elles freiner cette frénésie des prix ? «Le pétrole est le produit d'utilisation massive sous forme de carburant dans la motorisation. Nous ne sommes pas de nature à modifier les grands équilibres caractérisés par la prise massive du pétrole dans la consommation du carburant», justifie l'orateur. Gaz : à peine 50 dollars M Khelif tient, de prime abord, à préciser que l'Algérie est un pays gazier et non pétrolier. Malheureusement, dit-il, «le prix du gaz naturel a complètement décroché du prix du pétrole. Une quantité de gaz naturel équivalant à un baril de brut se vend à peine 50 dollars, alors qu'à la fin des années 1990, elle se vendait à 70 ; 80% du prix du brut», se désole-t-il. Cependant, il dira plus loin que le pétrole «est réellement un sérieux problème pour l'Algérie». «C'est vrai qu'on annonce pour l'année 2008 des rentes de 80 milliards de dollars, mais quand on regarde de près, on aurait aimé que le pays compte davantage sur ses compétences, plutôt que sur la vente du pétrole.» Par ailleurs, il jettera un soupçon de suspicion sur la durée de production du pétrole. «Je me permets de douter de la durée de vie de nos réserves pétrolières, qui, pour certains, s'étendraient sur une quarantaine d'années, ce que je conteste formellement. Nos réserves de pétrole disponibles sont de l'ordre de 15 à 20 années.»