Succès n Une greffe sur une patiente atteinte de vitiligo (taches blanches), a été réalisée, pour la première fois en Algérie, jeudi, au service de dermatologie du CHU Mustapha-Pacha. Cette maladie de la peau se caractérise par des taches blanches en contraste avec la peau normalement colorée. L'opération a été réalisée par le Pr Yvon Gauthier, spécialiste du vitiligo, du CHU de Bordeaux (France), sur une patiente algérienne âgée d'une trentaine d'années, en présence du Pr Ismaïl Benkaïdali, chef de service dermatologie au CHU Mustapha-Pacha. La technique chirurgicale est l'un des traitements proposés, aujourd'hui, par les spécialistes pour tenter de repigmenter des zones affectées par le vitiligo qui se caractérise par l'apparition de taches de couleur ivoire, sur le visage, les pieds, les mains, les articulations ou encore les parties génitales. «Il ne s'agit pas d'un traitement miraculeux, mais c'est un traitement adjuvant, complémentaire des autres thérapies proposées aux patients jusque-là», a affirmé le Pr Gauthier. La technique de transplantation mélanocytaire offre, selon ce spécialiste, plusieurs possibilités de transplantation telles que la greffe tissulaire ou la greffe cellulaire. A ce propos, le Pr Gauthier a indiqué que sa technique consiste en une greffe mélanocytaire non cultivée. Ainsi, il a expliqué que l'opération réalisée sur la patiente a permis, dans un premier temps, d'effectuer un prélèvement sur la zone donneuse après avoir procédé à une anesthésie locale et de mettre par la suite, les fragments cutanés, dans la trypsine. «L'opération de trypsinisation des fragments cutanés à 4°C pendant 18 à 24 heures permet la dissociation dermo-épidermique pour obtenir des mélanocytes», a-t-il ajouté. Le Pr Gauthier a souligné, dans ce contexte, qu'il a toujours préféré effectuer des prélèvements sur le cuir chevelu pour de nombreuses raisons. «Les mélanocytes sont plus performants dans cette zone dans la mesure où cette partie du corps n'est pas irradiée et n'est pas exposée au soleil», a-t-il fait remarquer, précisant que «les cellules dans cette zone sont presque embryonnaires». La seconde étape, selon ce spécialiste, consiste en l'induction des bulles par réfrigération de la zone receveuse pour provoquer un décollement de la peau dans la zone affectée. «Une fois cette opération terminée, on procédera à l'injection des mélanocytes dans les bulles.» Cette nouvelle technique pour tenter de repigmenter les zones affectées par le vitiligo, selon le Pr Gauthier, enregistre un taux de succès de près de 80%. De son côté, le Pr Benkaïdali a affirmé que le vitiligo est une affection mystérieuse qui fait partie des maladies orphelines et affecte entre 1 et 3% de la population. Il a fait savoir que les zones dépigmentées ont pour origine un dysfonctionnement des mélanocytes, les cellules de la peau lui conférant sa couleur. «Ni infectieux ni contagieux, le vitiligo est une maladie auto-immune et multifactorielle», a-t-il soutenu, ajoutant que les chercheurs tentent toujours de comprendre cette affection et ses facteurs déclenchants, en étudiant également d'autres pistes, telles que la voie nerveuse ou encore environnementale.