Cas Ils sont un millier de clandestins à avoir été expulsés du Maroc. Après les récents affrontements sanglants survenus entre des communautés africaines parquées dans l?oued tari de Jorgi, à Maghnia, les autorités locales de cette ville frontalière de l?extrême ouest du pays ont décidé de prendre à bras le corps le problème épineux posé par un millier d?émigrés clandestins africains expulsés du Maroc. «J?ai quitté le Mali pour rallier Tamanrasset et, de là, j?ai gagné Alger et je me suis retrouvé par hasard à Maghnia où j?ai vécu pendant plusieurs mois en ramassant des cartons et des bouteilles en plastique», raconte, trois années plus tard, ce candidat à l?émigration clandestine rencontré à Oran. Son histoire ressemble à celle de ses compagnons d?infortune ghanéens, nigériens, nigérians, ivoiriens ou sénégalais, qui ont vainement tenté de rallier Melilla ou Ceuta, deux provinces espagnoles enclavées à l?extrême nord du Maroc, faisant face à Gibraltar, le «rocher» surplombant la toute proche ville espagnole de Tarifa. «Je gagnais 100 à 150 dinars par jour, je dormais dans l?oued Jorgi et je m?enfuyais avec mes compatriotes lorsque des rixes opposaient des clandestins africains rivaux au sujet des filles ou de la drogue», poursuit-il, entouré de plusieurs clandestins qui vivent aujourd?hui dans un souk el-fellah désaffecté, près de l?hôtel Tafna, à Maghnia. Selon des informations crédibles, les émigrés clandestins africains seraient entre 600 et 800. Ils font partie du nombre grandissant de clandestins qui errent dans les grandes villes du pays, principalement aux abords des gares, pour tenter de survivre après la perte de leur argent et de leurs pièces d?identité. Ils ne peuvent compter sur aucune aide de leur représentation diplomatique, qui se désintéresse de ces malheureux livrés à eux-mêmes. «Il n?existe aucune structure pour les Africains sans papiers. Leur ambassade n?accepte que ceux ayant les documents requis, et encore, souvent au compte-gouttes», nous explique-t-on. Ces images douloureuses constituent la plaie de Maghnia, qui paie actuellement l?addition de la «crise». Partis de leur pays à la recherche de l?eldorado du côté de l?Espagne, ces Africains candidats à l?émigration clandestine ont été, souvent, floués par des passeurs qui n?hésitent pas à les délester de leurs maigres économies et de leur passeport? Désargentés et désemparés, ils sont très vite arrêtés par la police marocaine et expulsés manu militari vers Maghnia. En l?état actuel des choses, la nature même du problème a changé, car il ne s?agit plus exclusivement d?hommes partis de leur lointaine Afrique à la recherche d?un travail de l'autre côté de la Méditerranée, mais aussi de femmes, de mères célibataires et de familles entières. Toujours est-il qu?en attendant la fin de l?opération d?identification qui leur permettra de regagner leurs pays respectifs, les «Africains de Maghnia» sont nourris et des soins leur sont prodigués par les autorités et le Croissant-Rouge algérien de la ville.