Résumé de la 60e partie n Le filet reste vide : aucune secousse n'indique que des poissons ont été emprisonnés ! La convoitise, dit la sagesse populaire, gâte le caractère. Etma'â ifessed tt'ba'â. Des gens honnêtes, voire pieux, perdent la tête quand ils sont en face de richesses ou de tout autre objet de convoitise. L'argent tourne la tête, mais aussi la jalousie, l'amour, la haine… On raconte qu'un pêcheur, qui vivait non loin de la mer, dans une misérable cabane, avait de nombreux enfants, mais il arrivait à peine à les nourrir. En fait, quand il arrivait à pêcher du poisson, sa femme et ses enfants mangeaient, quand il revenait bredouille, ces derniers n'avaient rien à se mettre sous la dent. Il possède une barque, mais elle tient à peine l'eau. Tous les jours, il la rafistole, mais il ne se doute pas qu'un jour, elle va se briser et le laisser sans ressources. Chaque matin, alors que ses enfants dorment, il se lève. Sa femme se lève aussi et lui sert les restes du repas du soir. Ce jour-là, Ali le pêcheur se lève avant l'aube. Sa femme se lève aussi, mais elle n'a rien à lui proposer. – Je n'ai rien à te donner ! – Même pas un morceau de galette ? – Il n'y a rien… La journée sera dure, avec le ventre vide, mais Ali ne peut rien faire. – Je vais partir… Il se retourne. – Quand le jour sera levé, va du côté de la plage, tu pourras trouver des coquillages… – Ne t'inquiète pas ! – Peut-être que ce soir, je reviendrai avec du poisson… Nous pourrons faire un festin ! – Va, et que Dieu te protège ! Ali s'en va. Il va jusqu'à la plage, largue les amarres de sa frêle embarcation et part. Il fait encore sombre, mais, pense le pauvre homme, c'est l'heure propice où les bancs de poissons se réunissent. Ali jette son filet. – Au nom de Dieu ! Que mon filet se remplisse de poissons ! Il pense à sa femme et à ses enfants qui n'ont rien à manger… Quelle aubaine si, aujourd'hui, il recueillait du poisson ! Voilà longtemps qu'on n'a pu s'offrir de festin. La faim tenaille le ventre d'Ali. Mais le filet reste désespérément vide : aucune secousse n'indique que des poissons ont été emprisonnés ! Il se met à penser aux prises qu'il a faites… Une fois, la pêche a été si bonne qu'on a pu se régaler et vendre le surplus, au marché du village. «C'était le bon vieux temps !», soupire Ali. Le filet, immergé dans l'eau frémit. «J'ai pris quelque chose ?» Il remonte immédiatement le filet et le palpe. «Il est vide !» Ali est déçu, mais pas désespéré : il remet son filet à l'eau. Après tout, l'aube vient de se lever, il a toute la journée devant lui ! (à suivre...)