Demande n L'Etat français doit rendre publiques les conséquences des essais nucléaires effectués au Sahara algérien à l'époque du colonialisme. Le «secret d'Etat» brandi à chaque fois pour justifier l'omerta qui les entoure doit être levé. La France est tenue d'indemniser les victimes de ces crimes contre l'humanité. Des sénateurs français n'y sont pas allés par trente-six chemins pour fustiger la gestion du dossier des essais nucléaires au Sahara par les hautes autorités de leur pays, et exiger que toute la lumière soit faite autour de cette question. Ainsi, le vice-président du Sénat , Guy Fisher, a déclaré à l'APS, hier, mardi, en marge de la conférence de presse organisée à Paris par un groupe de sénateurs, de députés et de spécialistes, que les conséquences de ces essais «sont un secret d'Etat qui permet de faire l'impasse sur les justes et légitimes revendications des victimes». Et de dénoncer l'attitude du ministère français de la Défense «qui refuse de remettre tous les documents qui permettront de mettre fin à la souffrance des vétérans français et des populations algériennes, victimes des retombées radioactives de ces essais, qui se sont produits à proximité des zones d'habitation». «Devant ce déni de justice, la remise en cause du principe d'égalité et cette injustice, je compte rencontrer le président Nicolas Sarkozy pour lui poser directement le problème de ces essais nucléaires et de leurs conséquences car les Français, tout comme les victimes, demandent la vérité», a-t-il promis. Et d'ajouter : «Il faut que le président de la République (française) réponde à toutes les interrogations.» De son avis, si au départ, ces essais, qui sont «une des conséquences de la colonisation que la France doit assumer», avaient «soi-disant une approche scientifique, on connaît les conditions dans lesquelles ils ont été menés, leurs conséquences et les catastrophes humaines et écologiques qui en ont découlé». Pour sa part, la sénatrice du Val-de-Marne, Hélène Luc, a qualifié les conséquences de ces essais de «crimes contre l'humanité» que la France «doit reconnaître». Pour exiger la vérité et l'indemnisation des victimes, une pétition nationale sera lancée prochainement, a-t-elle annoncé, non sans souligner que l'Etat français «doit reconnaître que toutes les précautions n'avaient pas été prises lors de ces essais ainsi que les conséquences néfastes qui en ont découlé». «Ce que nous avons vu au Sahara est indiscutable. Ces essais continuent de faire des dégâts», a-t-elle conclu.