Ces essais ont été, selon les chercheurs, parmi les plus délétères de l'histoire nucléaire après la Seconde Guerre mondiale. Une cellule pour la défense des droits des victimes des essais nucléaires français dans le Sud algérien vient d'être créée. Constituée de juristes, de chercheurs, de victimes de ce drame ou de simples témoins, cette dernière passera à l'action dans un avenir très proche, par le lancement d'une action judiciaire contre les responsables de ces crimes contre l'humanité. C'est en substance ce qu'a révélé, hier, Mme.Fatma-Zohra Benbraham, juriste et membre de l'Instance nationale pour la décolonisation des relations algéro- françaises, au forum d'El Moudjahid. Cette action intervient à la suite de la publication, le mois passé, sur le site Internet du ministère de la Défense français, d' un document de présentation des essais nucléaires et de leur suivi au Sahara algérien dans lequel la France a reconnu, officiellement, avoir effectué 17 essais nucléaires dans le Sahara algérien entre le 13 février 1960 et le 16 février 1966. «Une première série de tirs a eu lieu à une cinquantaine de kilomètres au sud de Reggane, oasis située à 700 kilomètres de Béchar qui comptait alors quelques centaines d'habitants (près de 35.000 aujourd'hui)» lit-on dans le document. Quatre autres tirs atmosphériques ont été réalisés par la suite. Mais paradoxalement, le rapport n'indique, en aucune manière, les conséquences néfastes de cette opération sur les Algériens. Un fait dénoncé par la conférencière. «Nous allons nous battre pour imposer la victimologie des conséquences des essais nucléaires», a-t-elle souligné. Cela ne peut se faire qu' à travers une bataille judiciaire qui va vêtir un caractère international, sachant que la cellule en question a été approchée par des victimes des essais nucléaires au Japon, en Australie et en Polynésie. Pour les Algériens, le document du ministère de la Défense français, sera la principale pièce sur laquelle devront se baser les avocats. A travers ce document, la France, précise Mme Benbraham, a procédé à l'ouverture partielle de ses archives «le secret défense vient d'être levé ce qui nous permet de mener une action en justice». L'autre élément important, «la France, d'une manière directe a reconnu ses essais dans le Sud algérien, et d'aucuns n'ignorent que tout effet nucléaire a des conséquences, il s'agira pour nous, de les identifier» précisera Benbraham avant de souligner: «Ce sera une bataille pour les victimes», mais pour leurs ayants droit aussi. «La France et l'Algérie ont une histoire commune, nous avons, nous les Algériens, le droit de savoir ce qui s'est passé durant la période coloniale» clame la conférencière. Notons que l'Algérie a demandé, d'une manière officielle, à la France, le mois de février dernier, d'ouvrir ses archives relatives aux essais nucléaires effectués en Algérie. Ce que la France a toujours rejeté. L'Aiea a publié un rapport sur la radioactivité résiduelle sur les sites nucléaires algériens. Le rapport a indiqué qu'il restait sur les points zéro de Reggane et In Ekker, une radioactivité non négligeable. Ces essais ont été, selon les chercheurs, parmi les plus délétères de l'histoire nucléaire après la Seconde Guerre mondiale. L'invitée du Forum a insisté, également, sur le fait que, juridiquement parlant, «nous sommes devant un crime contre l'humanité». La cellule en question se propose de défendre les droits des victimes. Quant aux chapitres relatifs à la détérioration du sol ou à la pollution de l'air, ou encore celui de la reconnaissance des crimes, ils relèvent des prérogatives de l'Etat.