Des algues, du bois et de la paille pour faire voler des avions de chasse ? A première vue saugrenue, l'idée est très sérieusement envisagée par l'armée française qui voit dans la biomasse la source d'un carburant du futur quand le pétrole viendra à manquer. «Les armées auront tout intérêt en 2040 à disposer d'alternatives ou de véhicules fonctionnant avec d'autres carburants que les carburants traditionnels», affirme un spécialiste des réserves pétrolières et gazières mondiales. Les carburants de synthèse pourraient être la solution. En mal d'approvisionnements pétroliers, l'Allemagne nazie en avait fait grand usage, développant une filière de production à partir du charbon, un procédé mis au point par deux chimistes allemands dans les années 1920, Franz Fischer et Hans Tropsch. Le procédé Fischer-Tropsch reste d'actualité. Autrefois frappée par un embargo commercial pour cause d'apartheid, l'Afrique du Sud reste leader dans ce domaine. Aux Etats-Unis, un pays qui possède 15% des réserves mondiales de charbon, l'US Air Force a multiplié les expériences. Une quarantaine d'appareils militaires (B-52, B-1, C-17...) ont fonctionné sans accroc. La mise au point de ces carburants de synthèse de deuxième génération est cependant délicate. Ils exigeraient une filière de récupération des résidus de bois et de paille ou de collecte des algues.