La hausse vertigineuse du prix du baril de pétrole est liée, selon nombre d'experts, au manque d'investissement dans ce secteur. Les 13 pays membres de l'Opep pèsent 85% des réserves mondiales mais ne produisent qu'un tiers de l'or noir consommé dans le monde. Les Américains pensent dans ce sens qu'il y a de la marge. A elle seule, l'Arabie Saoudite produit 10 millions de barils par jour mais le royaume est le seul pays au monde à disposer d'une marge de manœuvre. Pour satisfaire la demande, il peut augmenter la production, estiment encore les Américains, mais l'Arabie Saoudite s'y refuse désormais pour faire baisser les prix. La demande ne cessant de croître, de Chine comme des Etats-Unis, les tarifs vont continuer à augmenter. Selon un analyste financier américain, les prix dépasseront 140 dollars dès la fin de l'année. Aujourd'hui, la tendance est à la production de biocarburants pour réguler les prix. A cette question sur les énergies de substitution, l'expert en pétrole, M. Ammar Félisse estime qu'à la marge, c'est possible. "Les nouveaux carburants, les biocarburants, le gaz naturel des véhicules et d'autres sources marginales viendraient peut-être dans un avenir proche à prendre une petite part de marché sur le marché du carburant". Pour la même source, le pétrole est le produit d'utilisation. "Tout ce qui est en train de se faire à la marge, biocarburant etc., me semble-t-il, n'est pas de nature à modifier les grands équilibres caractérisés par la présence massive de pétrole dans la consommation de carburant". Il n'exclut pas que durant les cinq, quinze années à venir, le monde se retrouvera dans une logique pénurie de pétrole. "On craint que cette pénurie ne s'installe sur une vingtaine d'années et, par conséquent, elle posera d'énormes problèmes politiques, géopolitiques de compétition entre les consommateurs". M. Félisse estime que tous les facteurs de hausse sont présents aujourd'hui. " L'économie de pétrole ne peut revenir de manière sensible que d'une éventuelle récession économique qui pourrait effectivement déclencher un phénomène de baisse des prix". Présentement, l'énergie rentre dans tous les spectres de la production des agroalimentaires et le pétrole a des conséquences évidentes sur la hausse des prix des produits alimentaires, mais d'après M. Félisse, il faut regarder dans quelles marges elle se fait parce que, explique-t-il, on insiste beaucoup sur le rôle excessif sur le prix du pétrole mais on s'aperçoit aujourd'hui que malgré la hausse très conséquente entre 2006 et 2008, est pratiquement sur le doublement du prix du pétrole, "la croissance économique n'a pas été effective dans les mêmes proportions". Concernant l'Algérie, il fera savoir que c'est un pays de production de gaz naturel, ¾ des réserves sont constitués par ce produit, "or, le prix du gaz naturel a complètement décroché du prix du pétrole. Aujourd'hui, le prix du gaz naturel, équivalent d'un baril de pétrole brut, se vend à peine à 50 dollars alors qu'il se vendait à 75% à la fin des années 90. C'est une source de préoccupation extrêmement importante". Il estime que le gaz naturel ramène en équivalent énergétique 50%. Il se dit que depuis longtemps, il s'est fait à l'idée que "c'est réellement un sérieux problème pour l'Algérie. C'est vrai qu'on annonce par exemple pour 2008, des rentrées de l'ordre de 81 milliards de dollars, ce qui est dans l'absolu une grosse manne de capitaux mais lorsqu'on regarde de près, quoi qu'on aurait aimé que le pays contraste sur ses compétences techniques, ses compétences de qualification humaine que sur la vente toujours et pour toujours du pétrole". Cet expert en matière de production préfère parler de réserve identifiée car vis-à-vis de l'aléatoire, vis-à-vis de ce qui reste à découvrir, "ça n'a pas beaucoup d'intérêt pour l'essentiel. Malheureusement, il s'agit de savoir comment nous allons sécuriser nos propres approvisionnements intérieurs".