La pratique du meurtre des nouveau-nées n'a jamais existé dans notre société. Contrairement à d'autres pays où, aujourd'hui encore, au XXIe siècle, des fillettes se font assassiner par leurs propres parents en venant au monde. L'Inde, une société conservatrice par excellence, détient la palme dans cette pratique d'un autre âge. Dans certaines régions rurales de ce pays, la pratique est tellement courante que le pays, qui totalise la deuxième population au monde avec plus d'un milliard d'habitants, accuse un déficit de… 60 millions de filles ! Ce qui a incité le gouvernement indien, depuis l'indépendance du pays, dans les années 40, à agir. La dernière décision dans ce sens a été prise au début du mois de mars, lorsque le gouvernement fédéral a promis une forte prime (5 000 dollars) aux mères qui donnent naissance à une fille, pour limiter le nombre d'infanticides et d'avortements sélectifs. Le programme a été baptisé «Déesse de la prospérité» et prévoit le versement de la subvention en 18 ans, c'est-à-dire jusqu'à la majorité de la fille. 400 dollars seront versés dès la naissance, et 2 500 à la majorité, à condition que la fille ait été scolarisée et ne soit pas encore mariée. Par cette mesure, le gouvernement entend inciter les familles à considérer leurs filles comme «un capital plutôt que comme une charge». 100 000 bébés filles seront ainsi sauvés rien qu'en 2009. D'après le dernier recensement qui date de 2001, l'Inde compte 927 filles pour 1 000 garçons et un décompte de l'ONU fait ressortir que 60 millions de filles sont manquantes en Inde. Ce déséquilibre a déjà entraîné une hausse du nombre de mariages d'enfants et du trafic de femmes en provenance des régions pauvres de l'Inde et des pays voisins comme le Bangladesh et le Népal.