Préjugé n Fruits du viol, de l'inceste ou de l'adultère, les enfants appelés communément «nés sous X» ne sont pas considérés comme les autres. Les autres, ce sont les enfants nés dans leur propre famille et qui ont grandi avec l'affection de leurs vrais parents biologiques. La société est sans pitié pour eux, en les accablant de toutes sortes d'expressions avilissantes. Bien que ces qualificatifs aient tendance à disparaître grâce à la kafala, il n'en demeure pas moins qu'ils continuent à être utilisés. Souvent, ce n'est qu'une fois adultes que ces enfants découvrent l'amère vérité. Contrairement à ce que recommandent les spécialistes de la santé mentale, et à quelques exceptions près, c'est généralement à l'adolescence ou à l'approche du mariage qu'on consent à leur dévoiler la vérité sur leur origine. Cela se fait rarement durant l'enfance. Près de 3 000 enfants naissent chaque année en Algérie hors mariage. Un chiffre qui peut augmenter sensiblement, selon les spécialistes, vu les différents déséquilibres au sein de la famille et les maux sociaux qui ont fait leur apparition ces dernières années. Selon les chiffres du ministère de la solidarité nationale, 2 116 enfants abandonnés ont été pris en charge en 2006, dans le cadre de la kafala ou recueil légal, qui a vu le jour au début des années 1990, après la ratification par l'Algérie de la Convention internationale des droits de l'enfant du 20 novembre 1989. La kafala est un moyen efficace d'encourager l'accueil des enfants privés de famille, surtout depuis l'introduction d'un complément au décret relatif au changement de nom (n°92-24 du 13 janvier 1992), autorisant la concordance de nom entre le parent adoptif (kafil) et l'enfant adopté (makfoul). L'amélioration des conditions de la kafala a été débattue récemment lors d'un séminaire organisé par l'Association algérienne enfance et familles d'accueil bénévoles (Aaefab), en collaboration avec l'Unicef et en présence d'associations de parents adoptifs de France. Le sujet a été débattu sous toutes ses facettes. Les aspects juridique et administratif ont été longuement évoqués et profondément analysés. Les participants ont particulièrement mis l'accent sur la nécessité de revoir de fond en comble les dispositions de ces deux volets qui devraient, ainsi, être revus et actualisés dans l'intérêt de l'enfant adopté et de sa famille d'accueil. Mourad Preure, président de l'Aaefab, a estimé que beaucoup reste à faire pour une intégration complète de l'enfant dans sa famille et afin d'assurer son avenir dans la société. Pour lui, la kafala est «une institution qui est toujours en construction», en ce sens que, à ce jour, aucune nouvelle disposition n'est venue soulager la souffrance des familles…