Tracas n De nombreuses entraves se dressent devant les parents résidant en France et désirant adopter un enfant en Algérie. Les parents binationaux (franco-algériens) doivent s'adresser au consulat général de France à Alger pour l'obtention du visa à l'enfant adopté. Mais les choses ne sont pas toujours aussi simples qu'elles paraissent à première vue. Les difficultés des familles commencent avec l'interprétation de la kafala qui «n'est pas considérée comme une adoption simple», dénonce Mme Malika Bouziane, présidente de l'Association des parents d'enfants recueillis en kafala (Apaerk). Les parents adoptifs vivent de longues périodes d'attente de visas. «Les embûches semées sur le chemin des parents et de leurs enfants sont nombreuses. Nous vivons pour la plupart un véritable parcours du combattant, aussi bien en Algérie qu'en France», regrette-t-elle. Au niveau de l'administration algérienne, Mme Bouziane suggère une uniformisation des procédures administratives et juridiques sur toutes les wilayas, en respectant bien évidemment les règles établies par les textes en vigueur. Cela éviterait aux parents résidant en France et qui postulent à adopter un enfant de se retrouver dans les dédales de démarches administratives d'un pays dont ils ne maîtrisent pas obligatoirement toutes les pratiques et les procédures (délivrance des jugements de kafala, sortie du territoire, application du décret de 1992 pour la concordance de noms…). «Au niveau des autorités consulaires françaises nous nous battons pour que le délai de délivrance de visas soit raccourci et ramené à un strict minimum afin que les parents ne soient pas amenés, contre leur gré, à recourir à des voies d'entrées illégales», indique notre interlocutrice. «Nos enfants n'ont aucun statut au regard du droit français autre que celui d'enfants à charge. Pourtant, ils prennent une place entière au sein de la famille. L'adoption simple nous paraît être la forme juridique française la plus proche de la kafala puisqu'elle ne rompt pas la filiation d'origine mais en ajoute une à celle existante. Il faudrait qu'ils aient un statut, des droits, une inscription sur le livret de famille comme tout enfant né dans la famille. Nous voulons que l'intérêt de l'enfant tel que défini dans la convention internationale des droits de l'enfant, ratifiée par la France et l'Algérie, soit préservé quel que soit le pays où il réside et où il est né. Car nous refusons de voir nos enfants devenir les orphelins du droit français», ajoute-t-elle. La présidente de l'Association des parents adoptifs d'enfants nés en Algérie et au Maroc (Paraenam), Mme Amal Benazzouz, se désolera du fait que les Français traitent le problème d'adoption sous l'angle de l'émigration et non pas de la protection de l'enfant. Mme Aït Zaï, spécialiste en droit et chargée de cours, indiquera, pour sa part, que le code de la famille demeure un texte qui ne parle pas de «puissance parentale».