Histoire n Si les ferdjiouis tirent une légitime fierté de la contribution de leurs aïeux à la fondation de la civilisation fatimide, c'est que la région est truffée de monuments qui racontent un passé aussi riche que mouvementé. L'histoire de la région a été, en effet, écrite par une succession de civilisations, mais ce sont les Ottomans qui la marquèrent d'une empreinte indélébile, car de tous les vestiges historiques datant de la période turque, nombreux dans la région de Fedj M'zala (ancien nom de Ferdjioua), le palais de l'Agha est sans conteste le monument le plus emblématique de cette époque. Se dressant au centre de Ferdjioua, ce monument qui se distingue par son architecture musulmane raffinée, servait de siège au chef de la région qui était désigné par le Bey de Constantine, la toute proche capitale du beylicat de l'est. Classé depuis quelques années patrimoine national, ce palais est intimement lié, de par son histoire, à l'exercice du pouvoir dans cette région au nom de l'autorité ottomane territoriale et centrale dont il demeure le survivant, témoin de la majeure partie des événements qui ont marqué cette période. Pendant la période coloniale, le palais de l'Agha, qui servit de siège à l'autorité d'occupation française, fut connu sous le nom de Dar el-Hakem (Maison du gouverneur) ou encore Djenane el-Hakem (jardin du gouverneur). L'administration coloniale, qui exploita cet espace, bâti, et, par ailleurs, d'une grande beauté, a fini par le restaurer une première fois en 1929. S'étalant sur 800 m2 bâtis et 2 000 m2 de jardins, ce palais compte un rez-de-chaussée, une grande cour, de nombreux sous-sols qui ont servi de dépôt de munitions, et un étage doté de terrasses et de balcons donnant sur la ville. Les historiens rapportent que ces lieux servirent, au milieu des années 1940, de refuge aux agents de l'administration coloniale qui se sont barricadés derrière ses lourdes portes hermétiquement fermées pour se protéger de l'insurrection des villages avoisinants en réaction aux massacres perpétrés le 8 mai 1945 à Sétif, Guelma, Kherrata et dans d'autres localités du pays. D'autres lieux et vestiges sont tout aussi «prolixes» en témoignages, à l'exemple de la «prison rouge». Cette bâtisse, située à proximité du palais de l'Agha, symbolise mieux que tout autre discours les tortures et les sévices subis par les populations algériennes dans la foulée de la répression sauvage qui suivit le soulèvement de mai 1945. Construite à la suite de ces événements de triste mémoire, cette prison tire son qualificatif, selon certaines versions, de la couleur du sang des victimes qui y étaient torturées et qui maculait les murs des cellules. D'autres soutiennent que cela provient de la couleur rouge ocre du sol sur lequel elle a été construite. Quelle que soit l'origine du nom hideux qu'elle porte encore aujourd'hui, la «prison rouge» reste un monument de portée nationale et de tout premier ordre au plan de la mémoire. La région de Ferdjioua renferme bien d'autres vestiges historiques dont les antiques bains romains, comme Hammam Ouled Achour et Hammam Béni Guecha, Hammam Labibet et Hammam Ouled Sidi Cheikh, ainsi que de nombreuses zaouïas à l'image de celle d'El-Bellaria près de Tassadane.