Palme n A Béjaïa, la nouvelle idole des supporters du club local est, sans conteste, ce gardien de but qui a réussi, lundi à Blida, à leur offrir le premier titre du club. En l'espace de 120 minutes, Billel N'jeukam, ce Camerounais de Douala, est devenu pratiquement le centre de tous les commentaires des supporteurs béjaouis. Face aux Tlemcéniens, l'ancien keeper du CR Belouizdad, fantasque à ses heures perdues, a réussi l'exploit dont rêve tout gardien de but : arrêter des tirs au but et offrir la victoire à son équipe. Cela, N'jeukam, qui a éclaboussé de sa classe coéquipiers et adversaires, faisant oublier le portier du WAT, Lounès Gaouaoui, l'a réalisé. Certes, après avoir été maudit par le Tout-Béjaïa pour avoir été, comme cela lui arrive parfois, à l'origine du but tlemcénien. Converti à l'Islam depuis deux ans, au moment où il faisait les beaux jours du CRB, Billel a été l'artisan principal du sacre de la JSMB. «Je ne trouve pas les mots pour exprimer et ma joie et ma fierté après ce succès. C'était difficile, mais au bout, c'est la délivrance», a souligné dans une déclaration à l'APS N'jeukam. N'jeukam a réussi, au bout de 120 minutes de jeu et durant la séance des tirs au but à conquérir le cœur des Béjaouis. Il a arrêté trois TAB et permis à la JSMB d'inscrire son nom au Panthéon de la Coupe d'Algérie. Trois arrêts magiques lors de la fatidique séance des tirs au but ont permis de libérer toute une ville. Béjaïa a sa couronne, N'jeukam son âme. «Lors de la séance (des TAB, ndlr), je me suis dit qu'il fallait choisir mon camp rapidement. Dieu merci, la réussite était de mon côté, et j'ai pu arrêter trois tirs, qui ont suffi à notre bonheur», souligne N'jeukam. «Les tirs au but, c'est ma spécialité, j'ai déjà arrêté pas mal de penaltys par le passé», a-t-il ajouté. Billel N'jeukam est un vrai «voyageur». Après avoir fait ses classes au sein du club camerounais de l'Union de Douala, il est allé tenter sa chance en France où il a opté pour le doyen de l'Hexagone, à savoir le Havre AC. Après la France, il met le cap sur.....la Chine. N'jeukam a évolué sous les couleurs de deux équipes de 1re division pendant trois saisons. La France, la Chine puis l'Algérie. A la recherche d'un bon gardien capable de donner à ce poste une autre dimension, les dirigeants du Chabab de Belouizdad avaient jeté leur dévolu durant l'été 2005 sur lui. L'ancien international espoir, qui a évolué aux côtés d'un certain Samuel Eto'o (FC Barcelone), a choisi de jouer en Algérie avec comme objectif de donner une autre dimension à sa carrière professionnelle et connaître d'autres sensations. Le CRB pouvait lui donner cette opportunité, mais son passage du côté de Laâqiba était loin d'être une réussite. Au CRB, N'jeukam irritait tout son monde par un comportement fantasque sur le terrain. Même si l'efficacité de ses interventions ne faisait aucun doute, son côté espiègle sur le terrain a été à l'origine de son départ du temps de l'entraîneur Belayachi. Le «Lion», alors un peu fatigué de ses tribulations, n'a pas pu s'adapter au championnat algérien, et a préféré aller goûter aux charmes de la Costa del Sol en Espagne. Après le CRB, atterrissage à la JSMB l Durant le mercato de la saison 2006-2007, son manager, présent sur le marché des joueurs en Algérie, lui conseille de tenter une autre expérience. Elle sera concrétisée du côté de Yemma Gouraya. Et N'jeukam fait son come-back dans le championnat algérien. La JSMB lui tend les bras, et lui donne l'opportunité de relancer sa carrière. Sous la houlette de l'entraîneur des gardiens Halim Tifour, N'jeukam a pu retrouver toutes ses sensations. «Le travail et l'abnégation ont toujours été ma devise, il ne faut jamais baisser les bras. Le football est un sport qui nous permet d'être fort sur le plan psychologique», affirme-t-il. N'jeukam est devenu le gardien numéro 1 de la JSMB, renvoyant au banc des remplaçants l'ex-keeper du MCA, Karim Saoula. Il a joué au Maracana l La prestation de premier ordre produite par N'jeukam, lundi à Tchaker, va certainement augmenter sa cote en Algérie, et il sera l'une des convoitises de l'intersaison, d'autant plus qu'il est en fin de contrat avec la JSMB. «J'ai des contacts ici et ailleurs, mais je n'ai rien encore décidé. Par respect à la JSMB, je dois discuter avec mon président pour voir les choses plus clairement», souligne-t-il. N'jeukam, qui a joué au plus haut niveau, veut cependant garder la tête froide, et savourer cet autre exploit d'une carrière déjà très riche. En 1997, il a joué dans le mythique stade Maracana contre le Brésil. Ce jour-là, N'jeukam a été titulaire, et en dépit de la défaite (0-2), il a réalisé une excellente prestation, décourageant un certain Romario à trouver la voie des buts. Les deux buts de la Seleçao (qui préparait avec le Cameroun le Mondial-1998 en France) ont été l'œuvre de Roberto Carlos et Romario. Mais cela est une autre histoire. Pour l'heure, N'jeukam est Béjaoui, et savoure à l'ombre des palmiers du front de mer, une victoire dont il a été le principal artisan.