Le marché des transferts est ouvert pour les clubs algériens évoluant dans tous les paliers. C'est la course vers la meilleure «marchandise», qui peut se trouver ici comme ailleurs. Le mouvement des joueurs renseigne sur la valeur du championnat algérien plus importateur qu'exportateur. Le foot national s'ouvre de plus en plus aux joueurs africains. Il n'y a pas un club algérien qui n'ait pas engagé, ces dernières années, un élément d'une autre nationalité africaine. Il y a même des dirigeants qui ont fait une fixation au point d'abandonner le marché local en allant chercher à Douala, à Lomé, à Freetown et à Nouakchott. Les présidents n'ont pas tort si l'on ne tient compte que de la valeur technique dans la mesure où ceux qui atterrissent chez nous sont généralement talentueux. Car, si nos clubs ne peuvent plus compter sans ces joueurs venus d'ailleurs, c'est parce que la formation est défaillante. C'est à partir de cet amer constat que nos présidents partent à la recherche du renfort de qualité formé ailleurs. Loin d'être de grands joueurs, ils se sont rapidement imposés comme des pièces maîtresses. Devant la médiocrité de certains footballeurs algériens, faute de formation solide, des éléments d'un niveau juste moyen deviennent des idoles. Le dernier exemple a été offert à l'occasion de la finale de la Coupe d'Algérie, qui a vu le gardien camerounais de la JSM Béjaïa, Bruno N'jeukam, accéder au statut de héros du sacre de son équipe alors que sa prestation pendant les 120 minutes a donné des sueurs froides à ses partenaires à cause, notamment, de ses sorties hasardeuses dont l'une avait permis aux Tlemcéniens d'égaliser. Ce n'est pas le fait qu'il ait réussi à arrêter des penalties dans la série des tirs au but qui occulterait ses erreurs d'appréciation. N'jeukam n'est qu'un exemple de ces joueurs qui s'installent, en Algérie, au moment où des éléments du cru sont sacrifiés. Ils sont, en effet, nombreux à transiter par notre pays sans avoir le talent souhaité pour participer à l'élévation du niveau technique de notre championnat. Tout n'est pas noir, néanmoins. Des clubs ont pu s'attacher les services de joueurs de qualité à l'image de Keita, véritable tour de contrôle de l'ES Sétif pendant la saison 2006/2007, et à l'image de Cheikh Omar Dabo, le buteur que la JS Kabylie n'avait jamais connu depuis la retraite des baroudeurs des années 1980 et des premières années de la décennie suivante. Le MC Alger possède en son défenseur Coulibaly la preuve d'un recrutement réussi. Le club a, par ailleurs, tenté d'autres coups, mais l'issue a été décevante. Relevons ici que les meilleurs joueurs engagés par des clubs algériens ne restent pas longtemps. Leur séjour en Algérie ne dépasse pas une année. Produit peu exportable L'autre sens du mouvement des joueurs algériens, l'exportation, ne rassure pas. Le constat est là, implacable : notre football n'arrive plus à exporter des joueurs. Quelques noms ont, néanmoins, brisé cette barrière psychologique en décrochant des contrats professionnels. Le dernier en date est l'ex-attaquant de la JSK, Hamza Yacef, qui, après une saison euphorique en Algérie, a rejoint le championnat marocain pour porter les couleurs du Widad de Casablanca. Même s'il pouvait postuler à un championnat d'un meilleur niveau, au vu de ses prédispositions physiques et techniques qu'il affichait, il n'en demeure pas moins vrai que le facteur âge a joué un mauvais tour au joueur, qui, à 29 ans n'a plus les «outils» à même de lui faciliter l'adaptation à un nouvel environnement. Il est aussi vrai que le niveau de notre championnat trompe énormément car ce que peut réaliser un élément ici, il ne pourra pas le récidiver ailleurs. On ne s'en rend compte que par le contact avec le haut niveau. Le cas d'Achiou renseigne également sur l'incapacité du Championnat national à exporter ses meilleurs produits. Avant que les portes du championnat suisse ne s'ouvrent à lui, le milieu offensif des Rouge et Noir était déjà las des tentatives infructueuses de briguer une carrière professionnelle. Pourtant, le joueur a essayé de convaincre les recruteurs, aussi bien en France qu'en Angleterre. Le «destin» l'a amené en Suisse où le joueur ne fera pas long feu. Son séjour helvétique sera de courte durée, étant contraint de retourner au bercail. Le seul made in Algéria exporté, en 2007, est bien le défenseur Rafik Halliche, qui a rejoint le championnat portugais. Parti à un âge quelque peu précoce, l'ancien nahdiste possède les atouts nécessaires pour une carrière professionnelle de qualité. Car ce joueur donne l'impression d'être «in» en matière de formation physique, un facteur, qui a empêché plusieurs de nos joueurs, formellement bons du point de vue technique, de progresser. Il reste, cependant, beaucoup de travail à Halliche pour s'imposer dans un championnat portugais de plus en plus élevé comme l'atteste le niveau des joueurs internationaux sélectionnés par Scolari pour l'Euro 2008. Il lui reste à améliorer son geste technique et à se montrer plus discipliné et intelligent en disputant les duels. Le chemin du Golfe Avec l'avènement de la Coupe arabe dans sa nouvelle version, les joueurs algériens commencent à susciter l'intérêt des clubs du Golfe, qui, manifestement, investissent dans le marché algérien. Le parcours de l'ES Sétif, dans les deux dernières éditions, couronné par deux consécrations méritées, a logiquement valorisé ses éléments. Ils sont à présent plusieurs à être convoités par les clubs du Golfe. Le défenseur de l'Entente de Sétif, Adel Maïza, vient d'être engagé par Al Ahly Djeddah, sociétaire de la première division saoudienne. Le libero sétifien entamera donc une carrière professionnelle qui peut lui ouvrir les portes de la gloire. Non parce qu'il sort du lot, mais parce qu'il part à un âge très favorable pour perfectionner son talent. A 25 ans, Maïza possède une marge de manœuvre intéressante. Il lui revient de profiter de ce détail pour réussir sa carrière professionnelle et prétendre atterrir dans un championnat du Vieux Continent. L'histoire enseigne, en effet, que d'autres joueurs algériens, dont le talent dépasse de loin celui de Maïza, n'ont pu briller ailleurs, à cause du facteur âge. Ceux qui sont partis au-delà de 26 ans sont souvent confrontés à un problème d'adaptation qui les empêche de s'imposer. A côté de Maïza, des éléments font également l'objet de convoitises de la part de responsables des clubs saoudiens notamment. Farid Touil, buteur de l'Entente lors de la finale 2006/2007, ne manque pas de contacts. Il est fort probable qu'il porte, dès le mois de septembre prochain, les couleurs d'un club saoudien ou émirati. D'ici le début de la nouvelle saison, d'autres éléments auront des offres, à l'image de Hadj Aïssa et de Raho. Il est remarquable que les propositions des championnats du Golfe visent souvent des éléments, qui sont proches de leur retraite footballistique. A l'exception justement du cas de Maïza. A. Y.