Une fois, deux fois et trois fois ! C'est renversant ! Les Turcs sont-ils en train de refaire le même coup que la Grèce en 2004 lorsqu'elle a déjoué tous les pronostics en l'emportant et en devenant la deuxième surprise d'un Euro, après celle du Danemark en 1992 ? Pour ceux qui se souviennent bien de cette édition suédoise, les Danois, qui étaient en vacances, sont rappelés à la dernière minute après l'exclusion de la Yougoslavie par l'Uefa. Bien bronzés et sans une véritable préparation, les camarades de Laudrup font sensation et battent les Allemands, champions du monde en titre, en finale (2 à 0). S'agissant des Turcs, ces derniers n'étaient pas du tout sur les tablettes des bookmakers anglais pour passer le premier tour dans un groupe où les Portugais et les Tchèques étaient les favoris, et même la Suisse on lui trouvait un petit soupçon d'avantage par rapport au terrain. Mais il fallait compter avec ces durs à cuire de Turcs qui, après avoir battu le pays organisateur dans le temps additionnel (but d'Arda Turan à la 90'+2') puis la République tchèque dans les mêmes conditions (but de Nihat à la 89'), ils refont le coup contre des Croates donnés, eux aussi, favoris. Contre la technique et le collectif des hommes de Bilic, les Turcs opposèrent de la détermination, de la combativité et un mental d'acier. Sinon, comment expliquer cette force de réaction lorsqu'ils encaissèrent un but à une minute de la fin des prolongations par le miraculé Klasnic (ce joueur qui avait reçu le rein de son père après que celui de sa mère eut été rejeté) pour aller en mettre un, deux minutes dans le temps additionnel ? Le stade Ernest-Happel venait de vivre trois minutes de folie et ce n'était pas terminé puisque lors de la séance des tirs au but, Modric, le meilleur joueur croate de ce tournoi, et Rakitic mettent dehors alors que Petric bute sur le gardien légendaire Rustu, le remplaçant de Volkan, suspendu pour deux matchs. Pour sa seconde participation, la Turquie fait mieux qu'en 2000 en atteignant cette fois les demi-finales et en mettant tout un pays dans la rue. Les coéquipiers du capitaine et sauveur Nihat seront opposés mercredi à une Allemagne impressionnante qui se met dans la peau d'un sérieux prétendant après sa victoire jeudi soir contre le Portugal (3 à 2). Même si le troisième but de Ballack est entaché d'une faute (poussette dans le dos sur le défenseur Paulo Ferreira), la Mannschaft a fait étalage d'une maîtrise tactique irréprochable et d'un jeu rapide et fluide qui a fait la différence. En face, le Portugal, à l'image de son icone Cristiano Ronaldo, fatigué d'une longue saison avec Manchester et probablement préoccupé par son transfert au Real Madrid, est apparu fébrile et moins révolté que la Turquie par exemple qui n'a jamais baissé les bras.Allemagne - Turquie en demi-finales de l'Euro, c'est aussi un match à connotation «politique» en raison de la présence d'une forte colonie turque outre-Rhin qui rêve d'un autre exploit et un clin d'œil à l'Europe qui la snobe encore.