Résumé de la 3e partie n Après moult péripéties et aventures, la cargaison arrive au Quai d'Orsay. Elle est accueillie par les critiques de journaux qui en font leurs choux gras. Il faut demander l'avis des experts pour calmer les passions. Celui, en particulier, de M. Cordier, de l'Académie des sciences et professeur au Muséum d'histoire naturelle, qui annonce que ce grès n'a d'équivalent en ce monde que le plus splendide grès d'Egypte. Après l'architecte, après le spécialiste des porphyres, il faut trouver l'artiste qui saura utiliser le précieux matériau russe. L'heureux élu se nomme Antoine Séguin, c'est un entrepreneur à qui l'on doit déjà le mausolée du maréchal de Turenne, celui de Duroc celui de Bertrand. Il a été, jadis, le marbrier choisi par Napoléon lui-même. Il a surtout le grand mérite d'avoir inventé une machine qui fait gagner un temps précieux pour le sciage et le dégrossissement des blocs minéraux. Ce sera, pendant des années, un but de promenade pour les Parisiens qui ne craignent pas de respirer la poussière dégagée par la machine en pleine action. Enfin, il faut découvrir l'artisan principal du tombeau. Celui-ci, qui appartient à la fidèle équipe de Séguin, se nomme François-Marie Guibert, premier ouvrier marbrier-sculpteur, originaire du Mans. C'est un compagnon du tour de France, qui est allé jusqu'aux carrières de marbre de Carrare. Il se met au travail : il va transpirer, solliciter ses reins et ses mains d'artiste pendant... vingt ans ! Il taille, il polit, sans relâche. Le chantier du tombeau est, par ailleurs, une véritable fourmilière. On y dénombre, en un mois seulement, jusqu'à 2 258 ouvriers de tous les corps de métiers. Quand on y ajoute les curieux et les badauds, on comprend qu'il faille prendre des mesures. Jérôme Bonaparte, frère de Napoléon, directeur des Invalides, suggère qu'on expose au musée du Louvre une maquette du tombeau, destinée à détourner le flot incessant de curieux. Puis, devant l'afflux irrésistible de badauds, on finit par interdire le chantier au public. Une idée qui fera son chemin... Visconti voit son œuvre prendre forme. Le grand Ingres lui-même lui adresse ses chaudes félicitations. Ingres, qui était farouchement opposé à une crypte souterraine, et qui revient sur ses préjugés en témoignant de son admiration, sincère autant que récente. Le 2 avril 1861, Napoléon III, neveu de l'empereur accompagné de la très belle impératrice Eugénie et de leur fils, le prince impérial, assiste à la translation tant attendue des restes de Napoléon. Visconti est absent de la cérémonie : il est mort depuis sept ans. Guibert aura plus de chance et, jusqu'à l'âge avancé de quatre-vingts ans, il vivra dans le souvenir de sa «rencontre» avec l'empereur. On a réservé, près de Napoléon, une alvéole qui attend les restes de l'Aiglon, mort à Vienne dans la famille de sa mère qui détestait tant l'empereur. Mais c'est seulement le 15 décembre 1940 qu'il viendra enfin y trouver le repos, dans la crypte, non loin de son père, entre deux victoires ailées.