Une bouteille, un testament, une demande de pardon, un dernier cri à la face d'un monde impitoyable. Le «harrag» s'en va seul comme il l'a toujours été. Même au milieu des siens qui n'ont jamais su écouter sa détresse. Alors qu'elle effectuait sa ronde quotidienne au niveau de la plage d'Oulhaça dans la daïra de Aïn Témouchent, une patrouille de gendarmerie a été intriguée, au début de l'année, par une bouteille en plastique qui flottait sur l'eau, près de la berge. La bouteille n'était pas vide. Elle contenait quelque chose qui ressemblait à un parchemin. Le premier gendarme qui lut le document n'en revenait pas. Il ne s'agissait ni plus ni moins que d'une lettre d'adieu écrite à la hâte par un harraga à l'adresse de ses parents. Au moment peut-être où son embarcation allait couler. Dans ce message, l'infortuné jeune homme demande pardon à sa famille dont il n'avait pas écouté les conseils, prie Dieu de lui pardonner et dit affronter la mort avec sérénité. Et puis silence radio : le testament s'arrête. La copie est inachevée. Elle ne comporte ni nom, ni adresse, ni signature qui puissent orienter les recherches vers la malheureuse famille. Elle est anonyme, atrocement anonyme.