Qui d'entre nous n'a pas eu à subir l'indifférence mortelle d'un personnel médical ou paramédical ? Qui d'entre nous n'a pas été écrasé par la lourde bureaucratie régissant des structures sanitaires ? Les cas sont quotidiens. Pour que cessent les abus, une commission chargée de défendre les droits des malades entre en action. Pour ce faire, il n'ont qu'à composer le : 021 63 81 97 que la commission nationale de la santé et droits des malades met à leur disposition. C'est ce que nous avons appris de son président Abdelmadjid Si Bachir. Contacté hier mardi, M. Si Bachir se fixe comme priorité «la protection des droits à l'accès aux soins et à la prise en charge du malade», il souligne aussi que l'association se décline en «un vecteur entre les malades et les responsables». «Beaucoup de torts auront été faits aux malades qui subissent des injustices chaque jour que Dieu fait dans une totale impunité» estime-t-il. «Il est temps pour nous de (ré-) agir et de faire en sorte que les malades aient moins de difficultés pour bénéficier de l'aide nécessaire.» Tiraillés par d'insoutenables douleurs, les patients, note M. Si Bachir, sont tenus aussi de prendre leur mal en patience – au péril de leur vie – face aux agissements irresponsables de certains cadres de la santé. Du simple malade qui se présente devant le médecin à cause de douleurs passagères, au patient «admis en urgence» dans les grands hôpitaux du pays pour un cancer, une hépatite ou une hernie discale, les pratiques sont quasiment identiques : si ce n'est un renvoi manu militari non justifié (le plus souvent on invoque entre autres des pannes d'appareils, l'absence de médecins ou d'infirmiers), des malades se voient carrément reporter leur rendez-vous sine die. «Des agissements pareils, on en voit quasi quotidiennement», regrette notre interlocuteur. «Nous ne tolérerons plus de tels agissements !» prévient-il. Notre interlocuteur qui dresse un état des lieux des plus décourageants sur la dégradation des enceintes sanitaires du pays, indique que certains hôpitaux se trouvent dans un tel état d'insalubrité que le spectre de la mort plane tout le temps sur la tête du malade. Cas édifiant, à l'hôpital de Beni Messous, il y a à peine une dizaine de jours, un malade a dû faire appel à la commission pour pouvoir enfin subir une intervention de la cataracte. Un autre patient admis dans un hôpital de chirurgie thoracique d'une wilaya de l'est du pays s'est retrouvé dans des conditions d'hygiène tellement déplorables qu'il a failli y passer. D'autant que les responsables de cet établissement avaient décidé de le transférer illico vers un autre centre pour cause d' «indisponibilité» de l'appareil d'échographie. Et voilà que le service de radiologie du second établissement n'est pas en service. C'est par miracle si le patient s'en est sorti. Des exemples analogues ne manquent pas. Premiers résultats l Sa création,en mars 2007, la commission qui relève de l'Académie de la société civile algérienne (Asca, ONG indépendante) a eu à traiter plusieurs cas d'injustice, voire d'atteinte à l'intégrité du malade. «Pratiquement tous, du moins la majorité des cas, ont pu être réglés à l'amiable avec les responsables», se félicite M. Si Bachir. Toutefois, la tâche s'avère parfois plus dure face au refus catégorique de certains responsables d'accéder favorablement à nos doléances, témoigne-t-il. «Dans ce cas, nous saisissons le ministère de la Santé afin qu'il intervienne, signale M. Si Bachir qui dit «ne reculer devant aucun obstacle afin de soulager un tant soit peu les souffrances de nos malades». Il ajoute que «si les médecins ont leur organisation qui défend leurs droits et assure leur couverture, idem pour les pharmaciens et les autres praticiens de la santé, alors je ne vois de mal à ce que les malades soient aussi représentés et leurs préoccupations prises en charge». La commission est actuellement présente dans sept wilayas du pays, notamment à Alger, Sétif, Constantine, Annaba et Bord Bou- Arréridj. La commission entend se redéployer dans les wilayas du Sud où les règles d'hygiène laissent à désirer encore plus que dans le reste du pays. Enfin, M. Si Bachir s'enorgueillit que la commission qu'il préside composée entre autres de médecins dont lui-même, est un organisme «apolitique». «Notre unique priorité : préserver l'intégrité et les droits du malade», clame-t-il.