Structure n Un comité «SOS - Erreurs médicales» vient d'être créé, pour lutter contre l'indifférence des autorités concernées. Lors d'une conférence de presse, organisée, hier, au siège de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (Laddh) par les membres de ce comité, ces derniers ont tenté, chacun à son tour, d'expliquer les faits tragiques découlant de l'intervention chirurgicale du professeur Nouri. L'affaire remonte à l'année 2007, plus exactement le 7 juillet, quand plusieurs personnes ont été rendues aveugles par le professeur Nouri, au niveau du service ophtalmologie à l'hôpital de Beni Messous, et ce, après injection d'un médicament appelé «Avastin», censé être encore à un stade expérimental ailleurs et destiné au cancer du côlon. Plus de deux ans après ce douloureux incident, les victimes décident de passer à l'action, de se constituer en comité qui dénoncera toute erreur dont il prendra connaissance, pour que ce genre d'incidents ne se reproduise plus à l'avenir et afin qu'il n'y ait plus d'impunité. Comme pour tout le reste, le risque zéro n'existe pas en médecine. Seulement, dira Nourredine Belmouhoub, membre de la Laddh, il est temps de briser le silence et d'en parler pour réduire les erreurs qui se multiplient de plus en plus chez nous, que ce soit chez le privé ou le public. Il a lancé à cette occasion, un appel en direction des autorités concernées, entre autres le ministère de la Santé et en particulier l'ordre du Conseil national des médecins présidé par le Dr Bekkat afin qu'ils réagissent devant ce genre de dépassements et que soient respectées les règles de déontologie et l'éthique de la profession. Selon ce défenseur des droits de l'homme,«toutes les voies de recours légales seront empruntées pour mettre fin à cet épineux problème de santé publique». Abondant dans le même sens, le Dr Mesli qui reconnaît qu'il y a énormément de dépassements médicaux, précise «que face à ce genre de phénomène, l'Algérien doit apprendre à se plaindre pour arracher son droit, et que les responsables, qu'ils soient du corps médical, paramédical, ou anesthésiste, cessent d'abuser de la naïveté et de la méconnaissance des patients». Au contraire, dira-t-elle, le personnel de la santé doit assumer ses responsabilités pour que cessent les erreurs médicales dans notre pays. En outre, le porte-parole du comité «SOS - Erreurs médicales», Ouargi Abd Anasser, a déclaré que «près de 500 erreurs médicales, tous cas confondus, ont été recensées en trois ans». De son côté, le président de la Laddh, Me Hocine Zehouane, précise qu'il est nécessaire de lever le voile pour que cette affaire voie le jour, même s'il faut frapper fort à travers le prolongement international de l'action de ce comité. Il estime, en outre, que l'implication de la société civile est nécessaire pour faire pression sur les responsables concernés. Il est regrettable, ajoutera-t-il, que les Algériens n'aient pas une culture pour recourir à la justice à chaque fois que l'erreur médicale est commise. Le comble poursuit-il est que «nous continuons encore au troisième millénaire à nous cacher derrière des arguments infondés comme «le sort d'être rendu aveugle est le fait de la destinée» ou alors imputer une mort douteuse au «mektoub». Témoignages l Mme Arab Karima a témoigné devant l'assistance que du fait de l'erreur médicale, elle a perdu en partie la vue et toute sa vie puisque son mari a demandé le divorce à la suite de ce qu'il lui est arrivé. De son côté, Kasdi Yazid qui se considère doublement victime, dira : «Je suis devenu non-voyant par la faute du professeur Nouri, et j'ai en partie perdu l'affaire que j'ai engagée en premier ressort devant la justice par la faute de l'avocat chargé de me défendre, lequel a usé et abusé de ma confiance. Je m'en remets à la justice de Dieu, là au moins je suis assuré que la corruption ne tient aucune place et ne joue aucun rôle.»