Il y a aussi dans les carnavals, les combats que les participants se livrent, en se bombardant, comme c'est le cas, dans certains villages des Beni Snous, à coups d'oignons sauvages. C'est un lointain souvenir d'un rite, la litholobie ou combat de pierres. Selon Hérodote, deux tribus de la petite Syrthe, dans l'actuelle Libye, les Auses et les Machyles, célébraient tous les ans, au bord du lac Triton, un rite de litholobie dédié à la déesse Athéna et pratiqué par les jeunes filles : «(Durant cette fête) les jeunes filles se divisent en deux troupes et se battent avec des pierres et des bâtons, suivant ainsi, une coutume instituée par leurs pères en l'honneur de la divinité que nous appelons Athéna. Elles prétendent que celles qui meurent de leurs blessures sont de fausses vierges. Avant de cesser le combat, voici ce qu'elles font : de chaque côté, elles ornent la plus belle jeune fille d'un casque corinthien et d'une armure grecque complète ; elles la font monter sur un char et la promènent autour du lac» (Traduction S. Gsell). La litholobie s'est perpétuée jusque de nos jours dans plusieurs régions du Maghreb où elle est souvent associée aux rogations de la pluie. En Libye même, à Ghat, dans le Fezzan, une cérémonie dite fête du sel était célébrée le 27e jour du ramadan : les jeunes filles mariables, de deux localités voisines, simulaient un combat avec des bâtons et des fouets.