Concentration n Selon les premiers résultats du recensement d'avril dernier, 86% de la population vit dans les villes, notamment celles du littoral. Beaucoup de choses se disent sur le phénomène «harragas» suivant lequel des jeunes tentent de gagner l'Europe en risquant leur vie en pleine mer, mais rien n'est dit à propos de ceux pouvant être qualifiés de «harragas locaux». Comprendre les habitants des campagnes qui descendent – ou qu'on ramène – dans les villes du littoral. Les résultats du 5e Rgph montrent que la migration interne s'est accentuée durant les dix dernières années. Ainsi, 86% de la population algérienne vit dans les villes, dont la majorité est concentrée sur le littoral. Les chiffres du 4e Rgph avaient montré une forte concentration de la population au Nord, notamment sur la bande littorale nord intérieur (du littoral à la limite nord de l'Atlas saharien). La bande avait connu une densité de 88 habitants/km2. Autrement dit, 22,6 millions d'Algériens (sur un total de 29,1 millions) vivaient sur 12,6% de la superficie totale du pays. La bande littorale elle-même était pratiquement saturée : 245 h/km2 sur une superficie de 45 000 km2 (1,9% de la superficie totale), selon les statistiques de 1998. A ce sujet, le 5e recensement n'a pas encore livré de résultats, mais tout porte à croire que le phénomène de la concentration de la population dans la bande du littoral s'est aggravé durant les dix dernières années. «Nous avons plus de 70% de la population qui réside dans les agglomérations chefs-lieux de wilaya, de daïra ou de commune et 16% dans les agglomérations secondaires, ce qui signifie que plus de 80% de la population algérienne vit dans les centres urbains», a dit M. Zerhouni, à la lumière des résultats préliminaires du 5e Rgph. Il a rappelé que dans les années 1960, 1970 et 1980, «la population urbaine n'était que de 30%». «Cela signifie que les 2/3 de la population des villes sont des gens qui sont venus récemment de la campagne», a indiqué le ministre de l'Intérieur. «La vie en ville est différente de celle de la campagne. Il y a d'abord un problème d'adaptation, d'accoutumance aux exigences de la vie urbaine», a-t-il expliqué. Cet état de fait implique toute une révision de la gestion des affaires publiques. Selon M. Zerhouni, il s'agit surtout d'aider cette population à s'adapter au système des villes. Le ministre a appelé à ce que «tous les programmes publics, qui ont un lien avec les citoyens, qu'il s'agisse du logement, de l'éducation, du commerce ou de la sécurité, prennent en compte ce fait nouveau». «86% des citoyens algériens vivent dans les villes. Cela veut dire que les efforts de tous les programmes doivent consacrer au moins 86% de leur intelligence, de leurs ressources et moyens pour répondre à ce problème», a poursuivi le ministre. Leçon : «Les résultats du dernier recensement vont nous amener à corriger beaucoup de choses», a dit M. Zerhouni.