Avril approche et dans ce décor électoral qui voit s?activer toute la classe politique, il y a comme un air de déjà-vu, de déjà-entendu. Certains disent que les dés sont pipés et les jeux déjà faits : le scrutin sera entaché outrageusement de fraude. D?autres avancent la nécessité de reporter l?échéance, de quelques mois ou de quelques années : mais cela y changerait-il quelque chose ? Des discours ciblent ou courtisent l?armée. C?est selon. Des candidatures sont avancées. La liste est ouverte et nul doute qu?elle sera longue. Mais sera-t-elle riche ? Et dans cette atmosphère de campagne électorale avant l?heure, où l?on s?efforce de donner l?impression que les choses s?accélèrent, le citoyen est ballotté d?une rumeur à une autre, d?un règlement de compte à un autre. Ici, il voit que les dagues sont tirées. Là, il est sollicité pour digérer un discours qui se révèle une tirade où le constat s?arrête au constat. Sans plus. Ou plutôt non, puisque son statut d?électeur à charmer ne peut plus être ignoré ? campagne oblige ? comme l?est son sort de citoyen confiné dans la misère et la pauvreté. Voilà qu?on parle de lui ; qu?on s?attendrit sur tout ce qu?il endure, sur ses aspirations jamais atteintes, sur son droit légitime à vivre mieux. On gesticule, on papillonne beaucoup autour de ce cher citoyen-électeur. On le fera davantage au fur et à mesure que la date de l?élection présidentielle approche. Il servira de faire-valoir, de prétexte, d?alibi : jusqu?au jour où le rideau tombera sur le scrutin. On lui aura tout dit. Tout promis. On lui aura montré combien on l?aime ce citoyen-électeur, pourvoyeur de voix. Mais ne l?aura-t-on pas encore trompé ? N?aura-t-on pas encore fraudé à son encontre ? Et la plus grande fraude n?aura-t-elle pas sévi dans cette direction ?