Résumé de la 4e partie n Cligner des yeux, pour un paralysé privé de parole, permet de communiquer. Mais peut-on trouver un autre système, moins lassant ? On le laisse enfin rentrer. On le descend sur une civière. Il écarquille les yeux, en se retrouvant dehors. La foule, les voitures, les bruits et même les cris de la rue lui manquaient tellement. «Ça te fait plaisir de rentrer à la maison ?», dit sa femme, assise à côté de lui. Il ferme les yeux et les rouvre. — Ah, ça te fait plaisir ! Enfin, elle accepte de «communiquer» avec lui, en utilisant le procédé découvert par sa belle-mère. A la maison, il retrouve sa chambre. Enfin, il découvre un autre décor que les murs et les plafonds de l'hôpital ! Les motifs géométriques du faux plafond de sa chambre et les roses du papier peint lui paraissent bien sympathiques et la lumière de la veilleuse, posée sur la table de nuit diffuse, une lumière tamisée très douce. «Je t'ai préparé une chorba, dit sa femme, tu vas t'en lécher les babines !» Se lécher les babines, lui qui ne peut plus bouger une seule partie de son corps, elle se moque de lui ! Et puis, il en a assez des chorbas et des bouillons, ce qu'il veut manger, c'est un bon morceau de pain ou un bon steak bien saignant ! Il veut sentir de la nourriture bien solide dans la bouche, mâcher, écraser sous la dent… Comme il ne l'a pas fait depuis ce maudit accident ! Elle le redresse sur son séant et le cale avec des oreillers, puis elle va chercher l'assiette de soupe. Il se met aussitôt à fermer et à ouvrir les yeux. — Tu ne veux pas manger ? Il ouvre les yeux et les ferme deux fois de suite. «Non !» Elle sourit. «Tu as assez des soupes, n'est-ce pas ?» Il ferme les yeux une fois et les rouvre. «Oui». «Je croyais que tu ne pouvais avaler que les liquides !» Il ferme les yeux et les rouvre deux fois de suite. «C'est non ?», dit-elle. «C'est non ! Mais qu'est-ce que tu veux que je te prépare ?» Elle peut toujours lui faire des propositions : il répondra par oui ou par non. «Il y a des frites, tu sais, c'est ce que les gosses mangent tout le temps. Je pourrais aussi te faire un œuf sur le plat. Qu'est-ce que tu en penses ?» Il ferme les yeux et les ouvre. C'est d'accord. Elle apporte les frites et l'œuf. Il mâche de bon cœur une première bouchée puis une seconde et ferme la bouche. Il est fatigué. «Tu n'en veux plus ?» demande sa femme. Non, il en veut encore, mais il ne peut pas aller vite, il a besoin de se reposer. Il fait quand même «oui» des yeux. «Bon, alors j'arrête.» (à suivre...)