Le ridicule ne tue pas, dit l'adage. Aussi étonnant que cela puisse paraître, une personnalité africaine d'envergure, Nelson Mandela, prix Nobel de la Paix, a toujours été considéré comme un terroriste par le département d'Etat américain. Ce titre de la honte vient de tomber. Le champion du combat anti-apartheid, devenu président d'Afrique du Sud, a été retiré, hier, en même temps que son parti, des listes noires américaines du terrorisme. Le président George W. Bush a promulgué une loi en ce sens. L'occasion n'est pas des moindres. Selon la Maison Blanche, cette loi a été signé à temps pour le 18 juillet et le 90e anniversaire du premier président noir d'Afrique du Sud. La loi supprime «les chicanes supplémentaires empêchant qu'une personnalité éminente comme l'ancien président Mandela ou d'autres membres du Congrès national africain puissent obtenir un visa», a dit un porte-parole du département d'Etat. «Nous sommes donc contents d'avoir pu apporter cette correction à ce qui est par ailleurs une bonne et importante législation». «Il y a longtemps que cela aurait dû être fait», a dit un responsable de ce département, sous couvert de l'anonymat. La secrétaire d'Etat Condoleezza Rice jugeait comme une source d'embarras le fait que l'ANC, et donc M. Mandela, soient toujours, au regard des textes, considérés comme terroristes. «L'Afrique du Sud est un pays avec lequel nous avons maintenant d'excellentes relations, mais il est plutôt embarrassant que j'aie encore à intervenir personnellement pour autoriser l'entrée sur le territoire de mon homologue sud-africain, sans parler du grand dirigeant qu'est Nelson Mandela», avait dit Mme Rice en avril.