Résumé de la 1re partie n Le jeune duc fait appel à des experts en peinture qui ont réussi, après 7 années, à exécuter un tableau de 140 m de long et 60 m de haut. Le thème, l'Apocalypse, que représente le tableau est l'objet de moult commentaires... Quand l'œuvre est mise en place, elle étonne : lors du mariage de Louis II d'Anjou et de Yolande d'Aragon, la tapisserie est suspendue à Arles. Un témoin s'émerveille : «Il n'est homme qui puisse écrire, raconter la valeur, la beauté, la noblesse de ces tissus desquels l'archevêché était décoré.» A cette époque, on ne compte pas la dépense pour entretenir et réparer la tapisserie. Louis II d'Anjou la lègue à son épouse Yolande d'Aragon. Elle-même la léguera au roi René. Quand le bon roi René, troisième duc d'Anjou, part pour sa Provence chérie, il fait transporter la tapisserie au château de Baugé pour la soustraire au roi Louis XI et à ses officiers, qui occupent le château d'Angers. A sa mort, il prend soin, sur son testament, de léguer la «belle tapisserie» à la cathédrale d'Angers. Les chanoines, désormais, entretiennent la merveille avec amour. Mais les années passent, le goût pour les œuvres gothiques disparaît, et la «belle tapisserie», pour ceux qui en ont la charge, n'est plus qu'une œuvre barbare, reflet de l'obscurantisme du Moyen Âge. Elle est, il faut bien le dire, peu en accord avec les idées nouvelles, aussi bien esthétiques que philosophiques, qui fleurissent au XVIIIe siècle. Alors on la néglige... De plus, elle a un gros inconvénient, qu'on découvre un peu tard : elle nuit gravement à l'acoustique de la cathédrale, elle étouffe les voix... Pas de doute, il faut lui trouver une autre utilisation. On essaye de la vendre, mais aucun acquéreur ne se présente. Qu'à cela ne tienne, on va bien lui trouver une fonction, à cette tapisserie «barbare» ! L'Apocalypse sert tout d'abord à protéger les orangers contre les vagues de froid. Et c'est là que survient la catastrophe. La «belle tapisserie» est découpée et utilisée comme... tapis de sol ! On se sert de fragments pour en faire des couvertures pour les chevaux... On en suspend les morceaux sur les bat-flanc d'une écurie. En 1843, l'Administration des domaines décide de vendre l'Apocalypse comme «objet de rebut». Il faut attendre 1848 pour qu'un chanoine, Joubert, la prenne en pitié et comprenne qu'il est grand temps d'interrompre le vandalisme. Mgr Angebault, évêque d'Angers, conseillé par Joubert, la rachète sur ses deniers personnels. On lui adjuge le tout pour trois cents francs, c'est-à-dire huit sous le mètre carré. Enfin, ce qu'il en reste. Mgr Angebault en fait don à la cathédrale d'Angers. Il fait restaurer les dégâts accumulés depuis des années et réinstalle l'œuvre dans ses murs. A force de rechercher des morceaux épars dans les environs, on finit par récupérer soixante-dix-huit scènes sur la centaine qui existaient à l'origine. Restaurées avec... une grande maladresse, elles reprennent leur place dans la cathédrale. Au moment de la séparation de l'Eglise et de l'Etat, la tapisserie est déposée à l'ancien palais épiscopal. Elle sert de base à un tout nouveau musée de la Tapisserie. En 1939, le château d'Angers est occupé par l'armée. Les Allemands s'y installent en 1940 et, en conséquence, les Alliés le bombardent. Après la Libération, au moment de réparer les dégâts, on prévoit de réaménager les lieux pour y exposer convenablement la tapisserie rescapée. Par ailleurs, il a fallu revoir toutes les parties qui avaient été «restaurées» au XIXe siècle. Les colorants d'alors n'avaient pas aussi bien résisté que les colorants naturels utilisés au Moyen Âge. Ils étaient devenus tout pâles... Il faudra attendre 1954 pour que soit construite une galerie spéciale, de cent trois mètres de long, destinée à la présentation de ce chef-d'œuvre.