Résumé de la 6e partie n Un paralysé veut sortir du système de communication primitif qu'on lui impose – des clignements d'yeux – ; il veut s'exprimer, faire des phrases… Comme il ne se passe rien, les mouches reviennent au bout d'un moment. Il lui paraît que leur nombre a augmenté : il a juste le temps de fermer les yeux et elles s'abattent sur ses paupières. Il pousse un cri qui gonfle sa poitrine, mais qui se brise dans sa gorge : elles lui font mal, et même très mal. Il doit serrer très fort les yeux pour qu'elles n'écartent pas les cils et qu'elles n'accèdent à la pupille. Un autre groupe s'acharne sur sa bouche. Il a la nette impression que les insectes essayent d'écarter ses lèvres pour entrer dans sa bouche mais il résiste : elles peuvent dévorer ses jambes, elles peuvent piquer et repiquer ses paupières, il ne les laissera pas lui ouvrir les yeux, il ne les laissera pas s'introduire dans sa bouche ! Mais voilà qu'une mouche s'introduit dans son oreille. Occupé à résister à celles qui s'acharnent sur ses yeux et sa bouche, il n'a pas pensé aux oreilles qui, ne possédant pas de système de fermeture, sont plus fragiles. Et cette maudite mouche a trouvé le point faible ! Va-t-en ! Va-t-en ! Mais la mouche n'obéit pas, elle gratte de ses pattes velues – lui qui ne peut pas bouger, sent les minuscules poils s'insérer dans sa chair – elle s'introduit plus en avant dans le labyrinthe, cherchant à atteindre le tympan. Si elle atteint le tympan, se dit-il, son oreille est perdue, car, il n'en doute pas, la mouche le crèvera ! Et en le crevant, elle pourrait pousser davantage, et s'introduire dans le pharynx : ce sera alors pour lui l'enfer ! Que quelqu'un vienne et fasse cesser ce supplice ! Comme pour répondre à cet appel, la porte de la chambre s'ouvre. — Tu m'as appelé ? C'est sa femme. Elle lui a posé la question sans réfléchir : elle sait bien qu'il ne peut ni l'appeler ni répondre à sa question. Elle s'approche de lui. Il y a suffisamment d'affolement dans son regard pour qu'elle comprenne qu'il se passe quelque chose. — Voyons… Mon oreille, mon oreille, hurle-t-il dans un cri qui sort de son ventre et se brise à la frontière de ses lèvres. Je t'en supplie, débarrasse-moi de cette mouche qui est entrée dans mon oreille ! — Voyons, qu'est-ce qui se passe ? Tu veux quelque chose ? Il cligne les yeux et les ouvre rapidement. La mouche dans son oreille bourdonne et lui fait très mal. — Qu'est-ce que tu veux ? demande sa femme, oubliant qu'il ne peut pas répondre à ce genre de questions. Il ouvre et ferme les yeux plusieurs fois de suite. Son oreille, la mouche ! Mais sa femme ne comprend pas ; — Mais qu'as-tu donc ? Tu es si agité… Elle lui caresse les cheveux, le front, elle frôle les oreilles. La mouche, dérangée par le mouvement, s'échappe. Il ferme les yeux et pousse, à l'intérieur de lui-même, un ouf de soulagement… Il ferme les yeux et les garde un long moment ainsi. (à suivre...)