Résumé de la 5e partie n La femme d'un homme, totalement paralysé, cherche un moyen de communiquer avec lui. Pas seulement pour dire oui ou non, en clignant des yeux ! Le «langage» de sa mère n'est pas aussi efficace qu'il n'y paraît : avec ses deux seuls mots, «oui» et «non», il ne le mène pas loin ! En ce moment, par exemple, il veut dire : «je ne peux pas mâcher trop longtemps, attends que je me repose un peu et tu pourras me donner d'autres bouchées.» Mais sa femme a enlevé le plat et elle revient l'allonger. «Je te laisse te reposer un peu !» Et elle s'en va. Il n'arrête pas de se reposer depuis qu'il est à la maison ! Sa femme a repris son travail : elle part le matin à sept heures trente et ne rentre qu'à midi. Quand sa mère peut passer, elle lui tient compagnie, sinon c'est la voisine de palier qui vient, de temps à autre, voir s'il ne manque de rien. La voisine aussi a appris le «langage des yeux» et lui pose des questions. «Tu as besoin de quelque chose ?» «Tu veux manger, boire ?» «Tu veux que je te mettes sur l'autre côté», etc. Les questions de sa famille ne valent guère mieux : toutes, sans exception, tournent autour de ses besoins immédiats ; il n'y a pas, en réalité, de vrai échange, de vraie communication. Même les animaux possèdent un code plus élaboré : les abeilles disposent de plusieurs signaux pour appeler leurs congénères et leur indiquer la position des fleurs à butiner, les mimiques du singes varient à l'infini… Et lui n'a que ces deux mots pour communiquer : «oui» et «non» ! «Tu veux dormir ?» Il ferme les yeux et les ouvre à deux reprises. «Tu veux regarder la télévision ?» Non, non, non, il veut sortir de ce système de communication primitif, il veut s'exprimer, faire des phrases… Comme il fait chaud et qu'il n'y a personne à la maison, sa femme, après lui avoir fait sa toilette, le laisse en caleçon. «Tu prendras l'air», lui a-t-elle dit. Oui, c'est une bonne idée, il prend l'air. Mais voici qu'il entend un bourdonnement, des mouches sans doute, entrées par la fenêtre ouverte. A croire le bruit qu'elles font, elle doivent être une bonne dizaine, sinon plus. Le bourdonnement se rapproche et brusquement, les mouches tombent sur son visage. Il ferme les yeux juste à temps. Il sent les petites pattes velues sur ses paupières, sur son nez, ses joues, son front… Il y en a certainement sur les autres parties dénudées de son corps, mais il ne les sent pas… Une mouche s'introduit dans une narine. Il éternue aussitôt, ce qui a pour effet de faire partir les autres. Il ouvre les yeux, espérant que les mouches se seront envolées par la fenêtre ouverte, mais il n'en est rien : les mouches sont accrochées à la lampe du plafond et, visiblement, elles attendent le moment propice pour revenir. (à suivre...)