Comme dans tous les carnavals, on se moque de tout le monde dans les Id Buchayeb, on danse, on frappe du tambour et on joue de la flûte. Aucune catégorie sociale n'est épargnée, y compris les religieux. Durant la période coloniale, on se moquait copieusement de l'armée française et des missionnaires chrétiens. Edmond Doutté, au début du XXe, décrit ainsi la scène des missionnaires : «Un groupe d'indigènes affublés d'une immense barbe, revêtus d'une longue gandoura, coiffés d'une chéchia ou calotte rouge, portent autour du cou un chapelet de plusieurs mètres de long : ce sont les pères blancs ; ils marchent avec gravité, les mains jointes, les yeux fixés au sol.» Parmi les scènes jouées, la plus remarquable est la mise à mort du dragon (ou du lion). «C'est une sorte de combat singulier entre le monstre, informe, portant sur le dos une échelle, la tête figurée par un crâne de chameau ou une poignée de lif (étoupe tirée du palmier) dont les deux yeux sont remplacés par des tisons enflammés, et un indigène à pied, armé d'un fusil, aussitôt que la bête est vaincue, la galerie se précipite dessus et la dépouille. Le plus souvent la bête est qualifiée de lion et dès qu'elle est morte, la foule met sa viande aux enchères.» (Doutté). Le dragon représente les forces du mal que l'on veut exorciser.