Le personnage principal est toujours un vieillard auquel on donne par dérision le nom de Cheikh (vieillard au propre, mais aussi chef, seigneur) ou alors Amghar, terme recouvrant les mêmes acceptions. Le vieillard symbolise ici ce qui est ancien, surtout avec ses défauts et ses mauvaises influences et dont on voudrait se débarrasser. Mais pour conjurer le sort, on donne aux personnages des noms euphémiques : ainsi, le personnage du carnaval d'Ayred de la région de Tlemcen porte le nom de Boumennan, sans doute composé arabe de bu (père) et mennan (don, bienfait), celui de Guergour s'appelle Bou'âfaf, d'un autre mot arabe, âfif signifiant le pur. Il s'agit ici de conjurer par le nom l'impression négative induite par l'accoutrement du personnage et son comportement. Comme dans d'autres carnavals, les personnages sont l'incarnation de la démesure : non seulement à cause de leurs vêtements, souvent formés de toison et de masques grimaçants, mais aussi à cause de leurs pitreries et écarts de langage qui frisent la grivoiserie. Lors du festival de Touggourt, on se moque de différents groupes sociaux, dont on caricature la façon de parler et les manières. Même les religieux ne sont pas épargnés. Cette critique, admise lors du carnaval, permet de dénoncer les travers de la société et de pousser les concernés à les corriger.