InfoSoir : Tout d'abord, un mot sur votre association Le Dr Soufi Skander : L'association Aniss de lutte contre le sida et de la promotion de la santé a été créée il y a 5 ans (2003). Son siège principal se trouve à Annaba. Nous avons un réseau d'associations Aniss basées dans plusieurs wilayas de l'est du pays dont l'association Aniss de M'sila. Actuellement, nous sommes en train d'installer d'autres relais entre autres à Guelma, Taref, El-Oued, Constantine et toute la région est du pays. Ceci, faut-il le rappeler, obéit à notre logique d'expansion. Aussi, nous comptons beaucoup sur le système basé sur les réseaux dans notre travail, preuve en est que nous œuvrons pour la création d'un réseau universitaire de lutte contre le sida, dont Mlle Wiam Walah reste justement l'animatrice qui active pratiquement au sein de toutes les universités de l'Est algérien. Notre réseau Aniss qui est officiellement parrainé par le recteur de l'université de Annaba, est également soutenu par l'artiste et rappeur Lotfi double kanon, étant donné que c'est-là une des recommandations de l'Onusida qui recommande à toutes les associations de lutte contre le sida de s'appuyer sur les leaders d'opinion en matière de lutte contre cette maladie chez les jeunes. Nous comptons, toujours parmi nos soutiens, des dramaturges et des sportifs. Quelles sont les catégories de populations que vous ciblez ? Bien entendu, nous travaillons dans plusieurs domaines de lutte contre le sida, dont l'information à la prévention auprès des jeunes et de toutes les populations vulnérables : par exemple les femmes et les personnes en permanente mobilité ou les migrants. De même que nous ciblons les populations à risque, en l'occurrence les «professionnels» du sexe, les homosexuels et les usagers des drogues injectables. Ce sont là les principales catégories que nous touchons à travers nos actions. Concrètement, quelles sont vos principales actions sur le terrain ? Concrètement, nos actions se traduisent sur le terrain par des campagnes d'information et de prévention, animées entre autres par des membres de l'association formés aux techniques de communication. Nous distribuons des dépliants, des affichettes ainsi que des préservatifs… ensuite, il y a aussi des actions initiées auprès des personnes aux comportements à risque lesquelles bénéficient d'entretiens individuels, de même que des pochettes de prévention pour les toxicomanes et les «professionnels» du sexe (maisons closes, boîtes de nuit et les «marchands» occasionnels de sexe…). Avez-vous des statistiques sur le nombre de séropositifs dans l'est du pays ? Pour la seule région de Annaba, nous avons recensé 1 500 à 2 000 personnes vivant avec le virus du sida. Le plus grave et le plus dramatique encore, c'est le fait que des milliers de personnes vivent avec le virus VIH sans le savoir. L'OMS et l'Onusida déclarent, à propos de ces personnes, que lorsqu'elles découvriront leur séropositivité, elles auront déjà contaminé entre 10 et 50 personnes ! Si on fait un petit calcul mathématique, nous allons déduire que d'ici à 5 ans, l'Algérie comptera un nombre considérable de séropositifs. C'est pour cette raison que nous avons lancé un appel à l'ancien SG de l'ONU Kofi Annan afin de combattre ce qu'il appelle «la conspiration du silence». M. Annan avait déclaré : «Dans trop de pays, une conspiration du silence autour du sida a privé la population des informations qui auraient sauvé des vies.» C'est pourquoi nous appelons toutes les personnes qui savent qu'elles sont atteintes du sida à informer qui de droit pour éviter le pire. (*) SG de l'association Aniss de lutte contre les affections sexuellement transmissibles et le sida de Annaba.