C'est le troisième report que connaît cette affaire, après ceux de 2000 et 2001. Ce matin, dès l'ouverture de l'audience et face aux demandes de la partie civile et de la défense, le tribunal a décidé d'un renvoi pour un complément d'enquête. Dans le box des accusés, étaient présents les présumés assassins : Chenoui Abdelwahab et Medjnoune Malek. La salle d'audience était archicomble, tandis qu'à l'entrée de la cour, une foule faisait la queue pour y accéder. L'audience a débuté par l'appel des deux accusés, de la partie civile représentée par Malika Matoub (sœur de Lounès), sa mère Aldjia et de Nadia Matoub (épouse de Lounès), mais cette dernière était absente et elle ne sera pas la seule, puisque les 4 experts concernés par l'affaire l'étaient également ainsi qu'une partie des témoins cités dans l'arrêt de renvoi. Appelé par le juge à émettre des remarques s'il y en a, Me Kaci Rahem, avocat de la partie civile, a fait remarquer que les experts sont absents ainsi que les témoins demandés par Malika Matoub. Ces derniers ne sont pas ceux cités dans l'arrêt de renvoi, mais il s'agit d'une liste de 50 personnes dont des chefs de partis politiques tels que Ahmed Djeddaï du FFS, Saïd Sadi du RCD, Amara Benyounès de l'UDR, des responsables dont Ould Ali El- Hadi (directeur de la culture), Khalida Toumi (ministre de la Culture). Pour leur part, les avocats de la défense dont Me Bouchachi ont demandé la présence des témoins oculaires de l'assassinat, à savoir Fadhma et Farida Brahmi, les deux belles-sœurs de Lounès Matoub, jugeant leur présence indispensable pour éclairer la justice tout comme ils ont demandé la présence des experts et des témoins cités par la partie civile, pour qu'il n'y ait pas de «procès expéditif», selon les propos de Me Bouchachi. Appelée à intervenir, Malika Matoub a déclaré au tribunal : «Sans la présence des témoins que nous avons demandés (la liste des 50 personnes) ma mère et moi ne nous sentons pas concernées.» Au juge qui lui demandait si elle a d'autres requêtes, elle dira qu'elle demande que l'instruction du dossier soit refaite totalement, ainsi que la reconstitution des faits. «Ceci en ce qui concerne la forme, car pour ce qui est du fond, ce sera une autre étape.» Face aux demandes de la partie civile, de ses avocats et de la défense, le procureur général a déclaré que c'est au tribunal de juger la nécessité de ces demandes pour le procès. Le tribunal s'est retiré pour en discuter et la défense a décidé d'introduire une demande de mise en liberté provisoire pour Medjnoune et Chenoui en détention à la maison d'arrêt de Tizi Ouzou depuis 1999. Après débat, le tribunal a décidé de reporter le procès pour enquête complémentaire.