Statistique n Si au primaire, le passage de tous les élèves a été décidé par le ministre lui-même, les résultats du BEM ont dépassé les prévisions. Le chantier de réforme du système éducatif national, lancé en 2003, est arrivé officiellement à terme dans les trois cycles scolaires primaire, moyen et secondaire. Ce processus est couronné par l'enregistrement de taux de réussite inédits pour les cycles primaire et moyen. Pour le premier, l'ensemble des élèves a acquis son «visa» pour le moyen, deux mois avant même l'examen de sixième, dénué, de ce fait, de fondement. C'est le ministre de l'Education nationale, lui-même, qui a pris la décision de faire passer la totalité des élèves au cycle moyen. Motif : «Nous n'avons pas le droit de mettre les enfants dehors avant l'âge de seize ans, conformément aux recommandations de l'Unicef», expliquait alors Boubekeur Benbouzid. Et le niveau des élèves ? Sont-ils aptes à poursuivre leur cursus normalement au CEM ? Ne risque-t-on pas de former des classes «hétérogènes» avec tout ce que cela aurait pour effet négatif sur les bons élèves ?…Ces questions sont restées sans réponse et le ministre s'est contenté de promettre «d'organiser des sessions de rattrapage et des cours de soutien aux élèves défaillants afin de les mettre à niveau». Ainsi les CEM ne manqueront pas d'être pris d'assaut à la prochaine rentrée scolaire, ce qui met, encore une fois, le ministère devant le défi d'assurer une chaise pour chaque élève et des enseignants pour toutes les matières. Mais pour ce genre de situation, M. Benbouzid se montre optimiste en révélant, à chaque fois, de «nouvelles mesures». Les nouveautés semblent, d'ailleurs, ne jamais finir dans ce secteur et les exemples ne manquent pas. Le Brevet de l'enseignement moyen a, pour sa part, enregistré un taux de réussite record, jamais égalé depuis l'indépendance. Ainsi, 47,93% des candidats ont obtenu le brevet, alors que le taux d'admission en première année secondaire est de 64,44%. La performance ne s'arrête pas au plan quantitatif, mais s'étend au volet qualitatif. Un record de 310 lauréats avec «excellence» a été enregistré au BEM-2008, alors que plus de 100 000 élèves ont décroché le brevet avec mention, soit plus de 37%. Aussi, près de la moitié des lauréats l'a décroché avec une moyenne égale ou supérieure à 12/20. Cependant, si les responsables du secteur affirment que ces résultats sont le fruit des réformes, les enseignants ne partagent pas tous cet avis estimant que certaines mesures ont été prises pour les «bonifier». Il s'agit notamment, selon certains enseignants interrogés à cet effet, d'instructions émanant des responsables du secteur relatives à «la clémence dans la correction des copies». Nos interlocuteurs soutiennent que «ce taux de réussite au BEM est loin de refléter le niveau réel des élèves» et que les facilitations qui leur ont été accordées sont «antipédagogiques». S'exprimant sous le couvert de l'anonymat, nos interlocuteurs estiment que «tout est préparé pour démontrer, coûte que coûte, la réussite des réformes entamées dans ce secteur».