Déficit n En dépit de leur rôle primordial pour l'équilibre de l'individu, les loisirs ne semblent pas bénéficier de tout l'intérêt qu'ils méritent. L'ampleur prise par le phénomène du chômage dans notre pays a fait que l'insertion professionnelle de nombreux jeunes se fait le plus souvent tardivement. Ils disposent, par conséquent, de beaucoup de temps libre qu'ils n'arrivent pas à occuper en l'absence de loisirs. La mosquée, le sport, le café, la musique, l'internet, le bricolage, la télévision/vidéo sont aujourd'hui les seules activités qui permettent aux Algériens de meubler leur temps libre et d'échapper à l'ennui. Ce qui laisse surgir de nombreuses interrogations sur la manière de meubler le temps vide pour ceux qui ne sont pas concernés par ces activités. Que font-ils pour échapper à l'ennui ? Participent-ils à d'autres activités que celles citées ci-dessus ? Quels moyens utilisent-ils ? Se sentent-ils intégrés dans la société ? Les seules données disponibles actuellement sont les conclusions d'une enquête réalisée par le ministère de la Santé, de la Population et la Réforme hospitalière en 2002 et qui restent valables selon les spécialistes, puisque nous ne disposons d'aucun autre indicateur relatif à ce sujet. A noter que l'enquête sur la santé de la famille réalisée en 2006 par le même département ne s'est pas penchée sur ce volet. Ainsi, l'enquête de 2002 nous apprend que plus de 2 jeunes sur 5 passent leur temps dans la rue, quel que soit leur lieu de résidence. Ceux qui occupent leur temps libre entre la rue et le café représentent 54% de l'ensemble des jeunes des centres urbains et 62,3% des jeunes issus d'un milieu rural. A ces chiffres, il faudrait ajouter les milliers de jeunes garçons et filles qui, par manque de structures adéquates, préfèrent passer la journée à la maison, ce qui fait un total (entre la rue, le café et la maison) de 76% pour les jeunes citadins et 83% pour les ruraux. Ainsi, 7 jeunes sur 10 en ville et plus de 8 sur 10 en zone rurale n'ont que la rue, le café et la maison pour occuper leur temps libre. Les filles demeurent, cependant, les moins «gâtées» puisqu'elles n'ont que la maison comme refuge après l'école ou le travail. Cette situation laisse indiscutablement le jeune livré à lui-même et l'expose à toutes sortes de dérives et fléaux sociaux. En effet, une fois libéré de toutes ses obligations journalières et en l'absence de lieux de loisirs appropriés, le jeune peut facilement être tenté par des comportements aux conséquences lourdes et imprévisibles. C'est pourquoi l'occupation du temps libre par toutes sortes de loisirs devrait être une préoccupation majeure aussi bien des autorités que des parents. Si, pour l'enfant, le loisir permet de déceler un don, un talent, ainsi que le développement de ses facultés à même de lui faciliter la transition vers l'âge adulte, pour le jeune, le loisir est également plus qu'essentiel. Ce sont ces activités qui lui permettent d'acquérir un savoir non négligeable et contribuent efficacement à son insertion socioprofessionnelle. Toutefois, lorsqu'on parle de temps libre, il s'agit aussi d'évoquer tous ces recalés du système scolaire qui n'ont pas l'âge de postuler pour un travail, sans oublier tous les exclus de la vie sociale. L'occupation du temps libre dans la lutte contre la marginalisation paraît, donc, plus qu'importante.