Résumé de la 5e partie n Après l'histoire de l'habitant de Karatepe qui a pris une pastèque pour un œuf de chameau, voici encore 3 petits récits en rapport avec les habitants de ce village... 11- Le chameau Ils n'avaient jamais vu de chameau et ne savaient pas ce que c'était, nos gens de Karatepe ! Or, l'un d'eux avait planté des pastèques. Un jour qu'il surveillait son champ, il voit arriver un animal étrange qui arrache les pastèques, les mange entre ciel et terre, puis disparaît. Notre homme, ayant bien réfléchi, se dit : «Qu'est-ce que ça peut être ? C'est peut-être bien ça qu'on appelle Dieu ? C'est donc lui qui nous donne pastèques et melons. Si maintenant je lui dis : ‘'Ne mange pas mes pastèques !'' ce n'est pas bien. Peut-être qu'il se fâchera contre nous.» Sur ce, l'homme a baissé la tête : «Ô, Dieu beige au long cou, c'est toi qui me les a données, c'est toi qui me les reprends. Que puis-je faire ?» 12- Le moulin Deux hommes de Karatepe qui se rendaient au moulin se rencontrent en chemin : — Où vas-tu ? — Au moulin. Et toi ? — Moi aussi. — Très bien. En arrivant au moulin, lequel d'entre nous moudra son grain le premier ? — Moi. — Moi. Toi, moi... Toi, moi... Alors, d'un air provocant, l'un des deux a déclaré : «En arrivant là-bas on verra bien.» Bref, la dispute s'envenime. A la fin, l'un trouve une solution pour couper court à toute discussion. Au bord du chemin, il y avait un buisson d'arbousier. En le montrant, il dit : «Supposons que ce buisson soit le moulin. Dis voir un peu lequel de nous deux moudra son grain d'abord ?» Aussitôt l'un court et verse son blé au pied du buisson, l'autre n'a pu le prendre de vitesse et vide son sac par dessus. Ils sont encore en train de s'y disputer : «C'est moi qui l'ai moulu le premier, ce n'est pas toi, c'est moi...» 13- La bagarre A l'automne, les paysans de Karatepe, après avoir battu et ramassé leurs grains de sésame, se regroupent à trois, cinq ou dix et décident d'aller au marché. C'est ainsi qu'ils appelaient Kadirli, qui était alors leur marché. Ils remplissent leurs sacs de grains de sésame et se mettent en route, sac à l'épaule. Ils grimpent, ils vont à pas lourds et arrivent à la Brèche-de-la-Bagarre, où ils s'assoient pour se reposer un peu. — Eh les amis ! Qu'allons-nous manger une fois arrivés à Kadirli ? demande l'un d'eux. — Nous mangerons de la pâte de sésame et du raisiné, propose un autre. — Très bien, décident-ils tous en cœur. — Oui, mais qui mangera le «bâton» ? demande encore un autre. On appelle ainsi le morceau de pain qu'on prend et qu'on tord pour lui donner la forme d'un bâton, et avec lequel on mélange bien la pâte de sésame et le raisiné. — Qui le mangera ?... L'un dit : «Moi !»... L'autre aussi... Commence alors une bagarre qui va en s'envenimant. Les uns prennent des bâtons, les autres des pierres, et les voilà qui se battent. A force de frapper et de cogner, cinq ou six meurent sur place. C'est depuis ce jour que cet endroit est connu sous le nom de Brèche-de-la-Bagarre. (à suivre...)