A. Louis décrit ainsi la poupée dont on se servait à Médenine, en Tunisie du Sud : «La préparation de cette étrange poupée se fait selon un rituel auquel on reste encore fidèle, en bien des campagnes de Tunisie. Pour fabriquer la carcasse de ce mannequin, les uns emploient la grande mouvette attachée à un bâton, d'autres prennent deux morceaux de bois liés en croix, dont le plus long est le montant du métier à tisser, d'autres prennent la barre du métier à remuer le ‘aïch. Les montants sont assujettis avec une solide cordelette d'alfa et habillés comme s'il s'agissait d'une véritable épouse. Par-dessus, la chemise de tulle brodée, une mélia (ceinture traditionnelle) est serrée à la taille. Sur le haut du bâton, entouré joliment d'un châle blanc représentant le visage, on place un turban de laine noire, ainsi que le diadème de mariage, aux chaînettes duquel pendent de larges boucles d'oreilles en argent». Bongo, la poupée des cérémonies tunisiennes est emportée par une vieille femme. Un cortège se forme, composé de femmes et de fillettes, qui poussent des youyous. On fait aussi des invocations, demandant à Dieu d'envoyer la pluie. On invoque aussi umm Bongo (ou Egtambo) et on demande à Dieu de la combler, qu'elle ne reparte pas bredouille ! La procession va de sanctuaire en sanctuaire, implorant la mère Bongo.